Créée en 1798 par Donou Diti, la commune d’Athiémé regorge d’attraits touristiques qui n’attendent que d’être valorisés. Ancienne capitale du Sud-Ouest du Dahomey (actuel Bénin), les marques du passé glorieux d’Athiémé sont encore visibles à travers les vestiges coloniaux et ancestraux. Parmi ceux-ci on peut citer l’ancien pont et le vieux marché qui avaient favorisé les activités économiques de la ville.
vestige colonial à Athiemé
A quelques encablures de Lokossa, chef-lieu du département du Mono, se dresse majestueusement la ville d’Athiémé dans son calme olympien. La ville ‘’des bois blancs’’ est incontestablement une fierté pour ses populations de par le rôle très important qu’elle a joué dans le passé. ‘’Comme je l’ai toujours dit, dans le département du Mono, c’est dans la commune d’Athiémé qu’il y a plus d’attraits touristiques. Vous le savez bien, c’est une cité qui a connu un rayonnement formidable. C’était une commune où les Blancs ont longtemps séjourné et qui dirigeait pratiquement tous les deux départements. Donc à leur départ, ces blancs ont laissé des vestiges qui existent encore et résistent au temps.’’, ainsi s’est exprimé Saturnin Dansou, maire de la commune d’Athiémé. Et bien attendu, cette fierté trouve sa source dans la visibilité des constructions qui frappent à l’œil à l’entrée de la ville. Le marché colonial fait partie de ces attraits.
Authentique malgré la modernisation
Le marché colonial de la ville d’Athiémé a gardé toute son originalité malgré l’usure du temps. Ce marché qui entre temps avait fait la fierté de toute une communauté n’est plus aminée comme auparavant. Mais les indices de son existence sont encore visibles. On y voit sur le domaine trois entrées faites d’épais poteaux portant des plaques avec des inscriptions ‘’Marché’’.
Les marques de l’ancien marché colonial
Ces trois entrées indiquent clairement que le marché était très animé. ‘’Nous sommes très jeunes mais on nous raconté que c’était un marché sous régional car les produits qui s’y vendaient provenaient de plusieurs pays dont notamment le Togo voisin. On y vendait toute sorte de produit…’’, a confié Victor Abalo un natif du milieu. Pour Marcel Ayité, ce marché était un peu comme le marché Dantokpa et tout s’y vendait. Il s’animait tous les jours quand bien même c’est lundi son jour habituel d’animation. Aujourd’hui, sur le domaine de ce marché, l’administration communale a érigé des boutiques, sûrement pour redonner vie à ce lieu. Mais malgré la volonté de moderniser le lieu avec la construction des infrastructures modernes marchandes, la présence des portes d’entrée donne toujours à ce lieu son authenticité et représente un attrait touristique pour la commune. A en croire Ayité Marcel, ce marché a été construit entre 1900 et 1901. Et pour faciliter l’accès à ce centre commercial coupé de la capitale Cotonou par le lac Sazué, un pont a été érigé.
Le vieux pont allemand
Pour faire couler les produits tels que les noix et l’huile de palme ainsi que le cacao, il était urgent de trouver les moyens de désenclaver totalement Athiémé afin de faciliter son accès. ‘’Les commerçants afro-brésiliens ont alors eu l’ingénieuse idée de construire un pont dans les années 1860’’, a témoigné Marcel Ayité. Même si le temps et les aléas ont eu raison de ce pont, il résiste aussi au temps et constitue une très belle attraction touristique pour la commune d’Athiémé. Pont construits par les afro brésiliens en 1860
Toutefois il se pose le problème de sa valorisation car il est abandonné dans la brousse et seul l’eau de lac Sazué essaie de faire encore du chemin sous ses pilonnes faites de briques rouges. Un aménagement de l’espace autour de ce vieux pont pourra attirer plus de regard et ce sera un plus pour la mobilisation des ressources propres de la commune la commune d’Athiémé.
Athiémé, c’est aussi l’histoire de la christianité catholique
Après Agoué, Athiémé est la deuxième ville du Mono qui a accueilli sur ses terres les missionnaires catholiques. Et comme l’a si bien indiqué Marcel Ayité, l’arrivée de ces missionnaires est l’œuvre de William Akakpovi Johnson, un commerçant qui est venu s’installer à Athiémé. ‘’Il a fait amener de Toklpi(Togo) les Pères Dojer, Tevier et Joliff vers 1894. A leur arrivée, il les avait installés dans le bâtiment ‘’assanvidji’’. Et ce n’est qu’après qu’ils ont aménagé là où ils ont construit l’église. Mais en les faisant venir, William Johnson avait exigé d’eux la construction d’une école, ce qui a été fait dans le troisième mois de 1895.
Bâtiment (assanvidji) habité par les premiers missionnaires
Et d’Athiémé, l’église catholique s’est étendue à Lokossa, Kinnou, Sahouè jusque dans le Couffo. Aujourd’hui, la bâtisse de cette église vieille de plus 130 ans se dresse magistralement dans le ciel d’Athiémé et renforce le patrimoine bâti de cette commune. Contrairement à Agoué où la toute première église a été démolie pour la construction d’une nouvelle, à Athiémé, la nouvelle a été construite juste à côté de l’ancienne. L’ancien construction de l’église catholique
A tout point de vue, les vestiges coloniaux de la ville d’Athiémé sont nombreux et force l’admiration malgré leur résistance aux temps. Il urge donc que les mesures soient prises pour favoriser leur protection et leur rénovation afin de les mettre en valeur et permettre aux jeunes générations d’être aussi témoins du passé lointain mais glorieux de cette ville.
Cokou Romain COKOU