La ministre des Affaires sociales et de la micro finance Véronique Tognifodé a rencontré le jeudi 2 septembre en session extraordinaire, le comité communal de protection de l’enfant d’Abomey-Calavi. Au menu des échanges, des cas de viols sur mineures qui prennent de plus en plus une proportion inquiétante dans la commune. C’était en présence du maire d’Abomey Calavi, Angelo Ahouandjinou et du préfet de l’Atlantique, Jean Claude Codjia.
Les statistiques liées aux cas de violences sexuelles dans la commune d’Abomey Calavi sont alarmantes. Selon celles-ci, du 1er janvier au 1er septembre 2021, 26 cas de viols sur mineures âgées de 4 à 15 ans y ont été enregistrés. Le mois d’août seul a connu 5 cas. Des chiffres avancés par Nadège Ahoga Codo, directrice départementale des Affaires sociales et de la micro finance qui explique l’urgence d’une thérapie afin de réduire, voire en finir avec les violences sexuelles. Des statistiques « inquiétantes » selon la ministre Véronique Tognifodé qui a jugé utile de convoquer cette session afin d’analyser les causes profondes de la recrudescence de ces cas de viols sur mineure et réfléchir sur les actions urgentes à mener. « Malgré les actions menées, malgré le dispositif législatif et légal mis en place par le Bénin, la protection de l’enfant est toujours menacée par les violences de tout genre, devenus comme des fléaux installés dans nos communautés », a déploré la ministre. C’est pourquoi, il y a lieu d’agir.
A tour de rôle, les différents acteurs impliqués dans cette lutte sont intervenus d’abord, pour saluer la démarche, déplorer la situation et ensuite, faire des propositions d’actions urgentes à mener. Certains parmi eux ont soulevé des préoccupations qui freinent souvent leurs actions devant des cas de dénonciation. Ils ont dénoncé le manque de collaboration des parents des victimes lorsque les situations surviennent. « Quand un cas de viol survient, les parents de la victime saisissent la police. Lorsque nous nous mettons en action, les mêmes parents viennent nous supplier demandant à régler l’affaire en famille au lieu d’aller au tribunal ; car, disent-ils souvent, on ne va pas détruire la famille à cause de ça », a confié Alirou Ayamoudou, officier de police judiciaire au commissariat d’Abomey-Calavi. Pour le procureur d’Abomey-Calavi, il s’agit d’une « violence éternelle » devant laquelle il faudra des actions musclées. Le président de l’association des cultes endogènes de la commune, le maire, le préfet, le médecin-chef de l’hôpital de zone de la commune et tous ceux qui sont intervenus sont unanimes sur le fait qu’il faut agir de toute urgence. Chacun s’est engagé en ce qui le concerne, à ne ménager aucun effort pour combattre avec la dernière énergie ce fléau et leurs auteurs dans la commune d’Abomey-Calavi.
Les interventions des uns et des autres ont ému la ministre qui s’est réjouie de leur engagement spontané. « Les stratégies mises en place sont pertinentes. Les sensibilisations en langues locales des groupes organisés, avec des élus locaux doivent se poursuivent pour expliquer de quoi nous parlons ? Que disent nos lois ? Ce qu’encourent les auteurs », a-t-elle insisté.
Pour ce faire, la ministre a exhorté les mamans de la commune d’Abomey-Calavi, à « attirer l’attention des petites filles sur la vigilance ». Elle a rassuré les acteurs de son accompagnement à les accompagner pour venir à bout de ce phénomène d’une autre époque qui a refait surface dans la commune.
Yannick SOMALON