Le chef de l’Etat a reçu en audience au palais de la Marina, mercredi 22 septembre, son prédécesseur, l’ancien président Boni Yayi. Près d’une heure d’échanges entre les deux personnalités sur des sujets touchant essentiellement la vie du pays. Preuve qu’entre les deux hommes, le dialogue est possible en dépit des divergences de vues.
Boni Yayi au palais de la Marina pour échanger avec son successeur. C’est bien ce à quoi on a eu droit, ce mercredi, à la présidence de la République.
L’ancien chef de l’Etat accompagné de quelques proches dont un de ses fils est arrivé peu après dix heures trente minutes, vêtu d’un long boubou blanc. Accueil digne de son rang, puis direction la salle d’audience de la présidence où l’attendait le président Patrice Talon. Boni Yayi y accède souriant, démarche alerte, avec des coups d’œil de part et d’autre, sans doute sidéré par la métamorphose des lieux (il le confessera plus tard). L’accueil est convivial.
Boni Yayi et Patrice Talon qui se connaissent bien échangent sourires et civilités. Ils se saluent même des coudes, impossible qu’il est pour eux de se serrer les mains, pandémie de Covid-19 oblige. Mais cela n’enlèvera rien à la chaleur qui se dégageait de cette rencontre et on pouvait apercevoir de derrière leurs masques, leurs sourires respectifs. Les échanges entre les deux hommes d’Etat se déroulent sans protocole et sans témoins.
Pendant environ 58 minutes, l’ancien chef de l’Etat et son successeur abordent divers sujets. On dirait même que le temps n’a pas suffi pour évoquer toutes leurs préoccupations. A la fin de l’audience, les deux hommes longeant le lumineux et luxueux couloir qui jouxte la salle d’audience du président de la République ont continué à échanger avec de grands gestes et une complicité qui ne pouvaient passer inaperçus.
Signes évidents de sérénité et de décrispation entre les deux hommes d’Etat qui semblent décidés à faire fi des brouilles, au-delà de leurs personnes, pour la concorde nationale
De quoi ont-ils parlé ?
La question est demeurée sur toutes les lèvres depuis l’annonce de cette rencontre. De quoi parlera Boni Yayi avec le président Patrice Talon ? Comme l’on pouvait s’y attendre, le Bénin était au cœur de leur entretien. « Le président Boni Yayi m’a rendu visite, nous venons de passer cinquante minutes ensemble. C’est un plaisir pour moi et je voudrais prendre le temps de savourer ce plaisir de recevoir le président Boni Yayi ici même, en ces lieux qui gardent son action en mémoire. Il a passé dix années ici au service de notre pays… »,
a indiqué le président de la République à la fin de l’audience avant de laisser la parole à son prédécesseur. « Je suis venu dans le cadre d’un sujet qui préoccupe tout le peuple béninois. Nous n’avons parlé que du peuple béninois et de l’intérêt général (…). L’objet de la rencontre concerne un seul point : la décrispation politique dans notre pays », introduit l’ancien chef de l’Etat. « Nous avons convenu au terme des discussions que la décrispation politique est indispensable à la paix durable dans notre cité afin d’assurer notre vivre-ensemble »,
insiste-t-il. Boni Yayi indique qu’il a souhaité que des mesures urgentes soient prises pour le salut national, la paix et la stabilité. L’ancien président a plaidé entre autres pour la libération de certains acteurs politiques emprisonnés comme Reckya Madougou, Joël Aïvo et d’autres leaders politiques, de même que certains jeunes. Autre doléance, il a plaidé que le président Patrice Talon puise dans l’arsenal institutionnel dont il dispose afin de favoriser le retour au pays de certains Béninois condamnés ou non.
« C’est moi qui demande, c’est lui qui décide »
L’ancien président n’est visiblement pas pour l’amalgame. Il a expliqué que sa démarche est un plaidoyer et qu’il n’a émis que des voeux auprès de son successeur, même s’il souhaite qu’il soit y donné une suite favorable et même diligente.
« C’est une requête…C’est moi qui demande, mais c’est lui qui décide… Mon souhait est de ne pas trop tarder compte tenu de l’urgence… Le dialogue est préférable », confie l’ancien président de la République. De même, il exprime sa satisfaction par rapport à l’accueil à lui réservé et au fait que le président Patrice Talon l’ait «écouté religieusement».