(La police au cœur de la polémique)
Etudiant en année de licence en sciences juridiques et politiques de l’université de Parakou, le jeune Eloi Dogo a été brulé vif à Parakou, parce que la foule l’aurait confondu à un braqueur, un voleur. Des images et vidéos relayées sur la toile laissent encore des proches et amis dans la détresse, l’angoisse. Un jeune homme, un bras valide, l’espoir d’une pauvre mère venait ainsi d’être innocemment tué. Conscient de son devoir de réussir sa vie, le jeune Eloi Dogo bien qu’étant étudiant, était en service dans une structure de micro finance. Et c’est d’ailleurs à ce service qu’il se rendait quand des populations, foulant au pied les lois de la République consacrant la sacralité de la vie humaine, ont décidé de l’interpeller pour mettre fin à ses jours. Celui qui se battait pour mobiliser quelques économies afin de retrouver sa famille, plus de trois ans après son départ de Tchèti dans le Département des Collines, ne retrouvera malheureusement plus les siens. Le voici calciné sous les flammes des pneus. Le voilà assassiné, tué pour un crime qu’il n’aura jamais commis. La pauvre mère qui a tant investi sur son fils est désormais inconsolable et cette réalité pourrait bien la hanter toute sa vie. Des témoignages de ses enseignants aux camarades d’amphis ainsi que les collègues au niveau de la structure de micro finance, il ressort que Eloi Dogo ne méritait pas ce sort. Celui qui a même participé à un concours de slam sur le titre “l’homme est poésie“ n’a pu convaincre la foule de ne pas lui ôter la vie. Ses cris plaintifs laissèrent indifférents ces assoiffés de vengeance qui se retrouvent désormais, tels des criminels, trainant sur la conscience, la mort d’un innocent. Pourquoi se rendre justice alors que la police et la justice sont mises en place à cet effet ? Pourquoi ne pas accorder à Eloi Dogo, la présomption de l’innocence ? Oui, il pleurait, pendant qu’on lui assénait de violents coups. Du sang coulait, il perdait conscience mais les coups pleuvaient toujours. Ses dernières forces rassemblées, il clama en vain son innocence. Sous les flammes, il pensa une dernière fois à sa famille, sa mère qu’il ne reverra plus jamais. Quelle cruauté ! Que Justice soit rendue à Eloi Dogo ! Plus jamais ça au Bénin ! Plus de vindicte populaire au Bénin !
Des voix s’élèvent, la police au cœur de la polémique…
Si des proches et amis soutiennent qu’Eloi Dogo n’est nullement un braqueur, la police n’est pas épargnée par les critiques. Alors que le frère de la victime s’est étonné de l’inaction de la police alors même que les faits se déroulaient sur une voie publique, le Parti Mouvement populaire de libération (Mpl) estime que « de vraies questions doivent être posées à la police ». A la faveur d’un point de presse tenu vendredi dernier à Cotonou, le président du parti, Expérience Tebe s’interroge également sur l’inaction de la police républicaine au moment des faits. « Nous ne comprenons pas qu’il y a un commissariat d’arrondissement, qui a des policiers en service, et qu’on séquestre quelqu’un, le scénario dure 2 heures de temps et qu’on ne puisse pas (agir)… Il faut qu’on pose de vraies questions aux responsables en charge de la sécurité dans l’arrondissement. Je pense que le commissaire en charge de ce commissariat doit pouvoir nous informer sur les raisons pour lesquelles, on laisse quelqu’un dans les mains des populations pendant plus de 2 heures de temps et permettre à ces dernières de l’assassiner par la suite au regard de ce qu’on a vu » déplore Expérience Tèbè, président du Mpl. A l’en croire, “il faut que le ministre de l’intérieur vienne nous informer de ce qui est en train d’être fait, des dispositions prises par le gouvernement pour que justice soit faite“. L’Organisation pour la défense des droits de l’homme et des peuples (Odhp) a également condamné l’inaction de la police qui n’aurait pas réagi promptement malgré qu’elle soit alertée, selon le communiqué. “ Qu’il vous souvienne que le lundi 13 septembre 2021 au quartier Arafat, un présumé voleur de canards et poulets a été lynché et battu à mort par un groupuscule de personnes en présence du chef quartier Arafat Dramane Yacoubou (confère la presse écrite daabaaru en ligne titré : ‘’PARAKOU: Un présumé voleur battu à mort par une frange de la population’’). Mais aucune enquête n’aurait été diligentée par la Police Républicaine pour appréhender les auteurs de cette barbarie. Le silence des autorités, n’est-il pas une caution ou une manière d’encourager cette pratique ?
Il résulte de tout ce qui précède, que la responsabilité de la Police Républicaine est engagée car elle était censée être en patrouille sur ce lieu et de plus, le commissariat de l’arrondissement est à moins de trois (03) km du lieu du drame“ déplore l’Organisation.
Notons que l’enquête ouverte par la police républicaine a permis néanmoins de procéder à des arrestations. Trois personnes seraient déjà interpellées. Il s’agit du chef quartier de Gbira, un conducteur de taxi-moto (Zem) et une femme qui seraient déjà sous mandat de dépôt. Vivement que toutes