Bénin/Corruption : Le mal persiste, le gouvernement change de stratégie.
Le gouvernement béninois a annoncé, mercredi 19 janvier 2022, la création d’une Cellule d’analyse et de traitement des Plaintes et Dénonciations (CPD). Une nouvelle initiative qui fait croire que toutes les dispositions prises, depuis 2016, en vue de mettre un frein aux actes de corruption et aux pratiques de mauvaise gouvernance, ont visiblement échoué.
Par Dieudonné AWELE
Malgré toutes les mesures répréhensibles et coercitives mises en branle par le régime de Patrice Talon dans l’optique de lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance dans l’administration publique, le mal persiste. Visiblement dépassée par l’ampleur que prend le fléau, l’administration gouvernementale a décidé de revoir ses dispositifs sécuritaires des finances et autres au sein des services publics. L’idée de la mise en place, dans les locaux de la présidence de la République d’une Cellule d’analyse et de traitement des Plaintes et Dénonciations, semble être aux yeux de l’Exécutif la meilleure solution. Un outil dissuasif et répressif louable ? Oui ! Peut-on tenter de se réjouir. Mais à l’analyse, cela pose l’épineuse question de la conscience professionnelle dans l’administration publique béninoise.
A l’instar des régimes précédents, celui de l’opérateur économique devenu Président de la République en 2016 a aussi pris toutes les dispositions efficaces pour pouvoir lutter contre la corruption et la mal gouvernance au sein de toutes les unités de l’Etat. De la chasse à l’évasion fiscale et au blanchement des capitaux en passant par la poursuite des cadres corrompus et leurs complices corrupteurs sans oublier les auxiliaires de la mal gouvernance, le régime de la ‘’Rupture’’ et du ‘’Nouveau Départ’’ s’est montré impitoyable et intransigeant dans sa lutte. D’où la création du tribunal spécial de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET).
Plusieurs hommes politiques et opérateurs impliqués dans des affaires d’évasion fiscale, de crime économique et de mal gouvernance ont dû fuir le pays, selon la version officielle du gouvernement et de la justice, pour échapper aux peines. De même, plusieurs autres cadres et/ou hommes d’affaires et autres complices passifs ou actifs reconnus coupables des mêmes accusations croupissent dans les prisons. Curieusement, malgré toutes ces poursuites judiciaires et les sanctions disciplinaires liées aux fléaux de corruption et de gestion peu orthodoxe des ressources de l’Etat, le mal continue de gangréner l’administration publique. Face à une telle résistance réfractaire, un nouveau dispositif comme celui d’une Cellule d’analyse et de traitement des Plaintes et Dénonciations semble être la bienvenue. Mais, là où les condamnations judiciaires ne font plus peur, une cellule présidentielle peut-elle régler le problème ?