(Mais ce que l’on ne doit perdre de vue)
La rencontre du mardi 26 avril 2022, à la présidence de la République, entre le chef de l’Etat, les centrales et confédérations syndicales ainsi que le Patronat qui s’est penchée sur la revalorisation des salaires des travailleurs, on n’en parlera jamais assez. Matin Libre l’a déjà décortiquée sous plusieurs angles. Cette fois-ci votre quotidien s’intéresse à une déclaration du président Patrice Talon face aux syndicalistes quant au « Choix de société » ou ce qu’on peut considérer comme registre économique dans lequel s’inscrit sa gouvernance. En effet, l’opérateur économique devenu président de la République, justifiant pourquoi il n’est pas dans la logique de la hiérarchisation systématique des salaires quand il y a augmentation du Smig (Salaire minimum interprofessionnel garanti), avance : « Toutes les fois qu’on augmentera le salaire minimum à la base, est-ce que ça doit entrainer tout de suite une correction des salaires qui suivent ? Je préfère qu’au-dessus, la politique salariale relève de la dynamique des entreprises parce que ce qui m’intéresse, et je vais le dire, ça ne me gêne pas de le répéter, ce qui m’intéresse, c’est le grand nombre d’entreprises qu’on aura au Bénin pour créer un grand nombre d’emplois ». A l’analyse, d’aucuns diraient que le chantre de la Rupture et du Nouveau départ est préoccupé par la résorption du taux galopant de chômage au Bénin, qui passe par un environnement favorable pour les affaires ou l’entrepreneuriat, et la viabilité financière des entreprises qu’il souhaite voir s’installer beaucoup. Mais quand on suit bien Patrice Talon, pour qu’il y ait ce nombre important d’entreprises dont il rêve pour son pays, c’est de laisser libre cours à l’entreprise de définir comment il augmente tel ou tel salaire des employés en fonction de sa politique. Logiquement, si pour le chef de l’Etat le « poids » des salaires ou la masse salariale peut empêcher la création de beaucoup d’entreprises ou leur viabilité, ce qui serait un frein à la création d’emplois, n’est-ce pas là réducteur ? L’idéal ne serait-il pas de créer les conditions, de prendre des mesures incitatives ou d’offrir des facilités aux entreprises pour qu’une fois installées, elles puissent prospérer, faire de bons chiffres d’affaires afin de mieux payer leurs employés ? L’installation d’un grand nombre d’entreprises n’est-elle plus tributaire de la politique fiscale ? N’est-elle pas plus tributaire de la stabilité/sécurité du pays avec des élections ouvertes, libres, transparentes et pacifiques? N’est-elle pas plus tributaire de la liberté de la presse et d’expression ? N’est-elle pas plus tributaire du respect des décisions de justice ? N’est-elle pas tributaire du respect des libertés individuelles et collectives ? N’est-elle pas plus tributaire de la libre et saine concurrence dans tous les secteurs ? Quelle est l’offre de la Rupture sur chacun de ces aspects ? Qu’en dit le président Talon ? En tout cas, il sied, en tout cas d’en tenir compte même si on pourrait nous répondre qu’il y a une initiative comme la GDIZ (Glo-Djigbe Industrial Zone), une zone franche industrielle spéciale qui draine déjà des investisseurs locaux et étrangers avec à la clé des emplois. Le plus important est que toutes les conditions soient réunies et dans la durabilité pour ces entreprises et à bien d’autres qui sont ailleurs dans le pays ou qui pourraient s’installer.
Worou BORO
Lire l’entièreté du propos de Patrice Talon sur le choix de société du gouvernement de la Rupture
« Quelle est notre choix de société ? Parce que beaucoup de décisions actuelles et à venir seront fonction de l’environnement du travail. Nous ne l’avons pas caché. Ce gouvernement-ci ne l’a pas caché. Il l’a dit haut et fort, et j’aimerais qu’à l’avenir que vous soyez d’accord ou non, vous tenez compte de ça pour dire c’est ce choix qui a été fait sur le modèle qui a été choisi donc toutes décisions que nous aurons à prendre, doivent être en cohérence avec ce modèle. Ce modèle qu’on a choisi au Bénin, c’est celui de promouvoir la création d’entreprises pour la création d’emplois. C’est ça qu’on a choisi. Tout ce qui concourt à la promotion de la création d’entreprises relève de notre choix désormais. Et s’il y a des pays qui font des choses mieux que nous pour attirer davantage d’investisseurs pour qu’il y ait plus de créations d’emplois, nous voulons mieux faire qu’eux parce qu’on veut que le Bénin attire davantage d’investissements, de création d’emplois parce que nous observons le Bénin depuis 10, 20, 30 ans nous voyons que le chômage augmente. Et nous ne voulons pas que le chômage continue d’augmenter. Si on fait exactement comme on fait depuis 20, 30 ans, mais tout sera pareil. Mes chers amis, comment on fait pour que la situation dans laquelle nous sommes depuis 20 ans, 30 ans, 40 ans ne reste pas la même ? Comment on fait pour que le Bénin soit un pays où les emplois se créent ? Donc, vous et nous sachons bien que la vocation du privé c’est de gagner de l’argent. Aidons-les, poussons-les dans leur vocation parce que nous savons que la conséquence, qu’ils veuillent ou non, c’est la création d’emplois. Une fois qu’on a fixé un salaire minimum du domaine de la loi, la politique salariale dans l’entreprise, qui il faut augmenter ? Qui il ne faut pas augmenter ? Toutes les fois qu’on augmentera le salaire minimum à la base, est-ce que ça doit entrainer tout de suite une correction des salaires qui suivent ? Je préfère qu’au-dessus, la politique salariale relève de la dynamique des entreprises parce que ce qui m’intéresse, et je vais le dire, ça ne me gêne pas de le répéter, ce qui m’intéresse, c’est le grand nombre d’entreprises qu’on aura au Bénin pour créer un grand nombre d’emplois ».
Transcription : JB