Dans le cadre de sa 7e session extraordinaire, le Conseil économique et social a suivi, hier mercredi 6 septembre, une communication sur « la problématique des cryptomonnaies dans les transactions financières : les risques ou opportunités pour l’économie béninoise ». L’objectif est que ces éclairages nourrissent les réflexions du Ces pour d’éventuelles propositions au gouvernement ou à l’Assemblée nationale.
La pratique gagne du terrain, avec ses heureux, ses mécontents, mais surtout avec ses incompréhensions, sans compter les plaintes. C’est pour y voir plus clair afin de contribuer à mieux assurer la sécurité financière des populations que le Conseil économique et social a inscrit une communication sur la cryptomonnaie, à l’ordre du jour de sa septième session extraordinaire. A l’occasion, le président Tabé Gbian rappelle que c’est pour éviter les éventuelles déconvenues, que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a publié un communiqué le 1er juillet 2021, pour attirer l’attention des populations sur les risques importants de perte de liquidité, de fraudes, d’escroqueries et de blanchiment d’argent, associés à la participation aux plateformes d’échange, ce qui se traduirait principalement par la perte des avoirs sans aucune possibilité de recours. Dans cette même perspective, le ministre d’Etat, chargé de l’Economie et des Finances, a sensibilisé les Béninois à travers un communiqué radio-télévisé, en date du 31 juillet 2023, aux risques liés à l’utilisation des cryptomonnaies.Dès lors, le Ces a décidé de s’intéresser de façon particulière à cette question. Partant de sa mission, qui consiste à donner des avis et formuler des recommandations à l’endroit du gouvernement et de l’Assemblée nationale sur des questions d’ordre économique et social, le Ces entend jouer sa partition. C’est pourquoi les conseillers ont décidé de s’informer et de s’imprégner de cette nouvelle forme de monnaie virtuelle.
Quelques éclairages
Face à la divergence des positions due à la complexité de la technologie, des pays ont interdit les cryptomonnaies sur leur territoire. Certains ont adopté une position attentiste. Rares sont ceux qui ont accepté cette monnaie virtuelle, comme l’Etat du Salvador qui l’a légalisée. Invité à éclairer la lanterne des conseillers sur la question, le professeur Théophile Dagba fait savoir « qu’une cryptomonnaie est un système de paiement numérique qui ne s’appuie pas sur les banques pour vérifier les transactions. Il s’agit d’un système de partage P2P (peer-to-peer) permettant à tout le monde d’envoyer et de recevoir des paiements n’importe où. Il ne s’agit pas d’argent physique transporté ni échangé dans le monde réel. ». Le mécanisme qui sous-tend cette monnaie ayant été expliqué, l’universitaire, dans une démarche pédagogique, a énuméré les avantages de cette monnaie virtuelle. Ceux-ci sont notamment la souplesse, le gain de temps, la sécurité dans le transport. Entre autres inconvénients, l’opération et le suivi font que le système est extrêmement énergivore et la monnaie est volatile. D’où son insécurité liée à sa garantie et à l’escroquerie. « Le vrai problème, c’est autour de l’escroquerie et non au niveau de la technologie », fait observer le professeur Théophile Dagba, ancien directeur adjoint de l’Ecole nationale d’économie appliquée et de management de l’Université d’Abomey-Calavi. Il recommande, en attendant que les réflexions mûrissent, la sensibilisation des populations afin que les personnes qui s’engagent dans les cryptomonnaies connaissent les risques qu’elles courent.
Par Désiré G. TCHOKPONHOUE (Stag.)
La Nation