De 1, 2 milliard la cagnotte affectée aux microcrédits par le gouvernement est passée subitement, ces derniers jours, à 3 milliards FCfa. Bonne nouvelle ! Une augmentation qui devrait réjouir les bénéficiaires mais à y voir de près, en tout cas tel que le dossier a été géré, ça sent de l’improvisation sur fonds d’une opération de charme.
Relancera-t-il ou relancera pas ? Tel a été la préoccupation de la grande majorité des Béninois au sujet de ces microcrédits suspendus par le gouvernement de la Rupture pendant un an. Dans l’opinion, la rumeur a même couru que les microcrédits seront enterrés définitivement sous la gouvernance Talon, et ce comme beaucoup d’autres projets laissés par le régime défunt. Il a fallu la période chaude de la révision de la Constitution, période où le gouvernement était fortement critiqué quant à ce qui concerne sa politique sociale pour que l’annonce de renouer avec cet héritage soit faite. Ainsi, ce qui a été déclaré courant mars-avril 2017 ne sera effectif sur le terrain qu’environ trois mois après, avec une tournée pompeuse de la ministre et de la Dg du Fonds (Fnm). Cette tournée à l’allure propagandiste sera suivie d’une vaste campagne de communication. Ainsi, de 1.2 milliard initialement mis dans la cagnotte, pour ce programme social après un long moment de suspension, le gouvernement a décidé brutalement d’augmenter l’enveloppe. Et, lors du Conseil des ministres du 12 juillet 2017, Patrice Talon dans une reconquête de la population, fait porter ledit programme à 3 milliards. En quelques semaines donc, le gouvernement de la Rupture a doublé voire tripler lesdits fonds à octroyer aux femmes en vue de leur autonomisation. Officiellement, il est dit que c’est pour répondre aux besoins exprimés par les populations. A y voir de près, on pourrait avancer comme argument que l’Exécutif compte bien faire de ce programme, un outil politique. On veut bien faire croire aux populations que le gouvernement est proche des populations vulnérables ; des populations pourtant abandonnées à leur sort par une politique antisociale imposée par la Rupture dès le 06 avril 2016. Plusieurs observateurs soulignent que cette mesure n’est pas du tout planifiée et que la méthode ressemble à celle dénoncée sous le régime défunt. Pour eux, l’augmentation a été décrétée simplement à l’improviste, pour plaire. Ce qui conforte davantage cette lecture, c’est que les 3 milliards ont été annoncés alors que le gouvernement dénonce le non payement de seize (16) milliards de francs Cfa par les bénéficiaires du programme conduit sous l’ancien président Yayi Boni. Pis, l’audit commandé par le gouvernement de la Rupture a pu révéler de graves irrégularités dans le programme. Par ailleurs, la Rupture a curieusement choisi de poursuivre l’exécution mais visiblement sans bien murir le programme. Pour une relance, ce fut un mauvais départ sinon, comment comprendre qu’on est d’abord parti de 1.2 milliards d’abord avant de s’en rencontre brusquement qu’il fallait rehausser un peu. Pourquoi n’avait-on pas tenu compte de certains paramètres après ces mois de suspension et on a dû procéder à une relance à moitié, c’est-à-dire en catastrophe ?
Mike MAHOUNA