L’école béninoise a perdu vie depuis le 30 mars dernier. Ce lundi 11 mai, elle s’éveille à nouveau et fait la joie de ses acteurs qui peuvent ainsi soupirer et voir se dissiper la menace d’une année perdue.
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Les uns inquiets, les autres confiants, les élèves retenus pour renouer avec les classes ont repris le chemin de l’école ce lundi 11 mai. Mais tous sont unanimes, à l’instar de Ella Aguiar, élève en classe de Seconde dans un collège public de Cotonou « que plus rien ne sera comme avant ». Les élèves se verront obligés de prendre de la distance par rapport à leurs camarades, en raison des gestes barrières imposés par le coronavirus. Et cela n’a pas l’air de trop plaire à Ella. Mais ce qui importe, souligne la jeune élève, masquée, « c’est de tout faire pour préserver sa santé et protéger les autres ».
Mais tous n’ont pas la même lecture. L’inquiétude demeure par endroits, comme au niveau de Merveille Gbaguidi, élève au Collège d’enseignement général Gbégamey. « La présence du virus qui circule un peu partout ne nous rassure pas. On aurait pu nous laisser encore à la maison »,
propose l’élève. Autant il est inquiet, autant il justifie la décision de la reprise par l’obligation de passer à la dernière série des devoirs surveillés de l’année. Cette évaluation synonyme de validation de l’année scolaire fait la joie des parents d’élèves.
Dans certains établissements, les parents sont même sortis pour prêter main forte aux responsables d’établissements. L’âge avancé de Evariste Alitanou, président de l’Association des parents d’élèves du collège d’enseignement général Sainte Rita, ne l’a pas empêché depuis 48 heures de venir préparer le collège avec les membres de son association. Aux côtés de l’administration, ils ont passé le week-end à mettre en place le nouveau dispositif d’accueil des élèves en respect à des mesures barrières contre le Covid-19. Dans ce collège, tout le monde est venu mettre la main à la pâte. Le cercle de réflexion des femmes du huitième arrondissement de Cotonou était même très actif ce lundi matin. Réparties autour des points d’eau et dispositifs de lavage des mains du collège, elles accueillent, orientent et suivent le lavage des mains de chaque élève pour s’assurer que tout se passe au mieux.
Tous en masque !
Nul n’entre ici s’il n’est masqué. Tel semble être le nouveau refrain de l’école béninoise. Discipline ou souci de protection contre le coronavirus ? Toujours est-il que ce 11 mai, jour de reprise des classes, les élèves en général sont venus masqués dans les écoles privées. A sept heures, les tout premiers apprenants du Cours moyen deuxième année ont été déposés au cours privé les Neems de Cotonou. Parents et élèves masqués se fraient un chemin et parviennent à l’entrée de l’école avant la séparation. A l’accueil, la directrice de l’école et les membres d’encadrement investis de la mission d’orienter les élèves vers le dispositif de lavage de mains et les classes qui, elles, ont subi d’énormes modifications. Si dans le privé, chacun est arrivé masqué, tel n’est pas le cas dans le public où certains apprenants ont été aperçus sans masque. Le temps que leur parviennent les masques gracieusement offerts par le gouvernement.
Et ils étaient bien au rendez-vous, ces masques distribués aussi bien aux élèves qu’aux vendeuses, personnel administratif, d’encadrement et de soutien. Au collège d’enseignement général Sainte Rita, le directeur Maurille Mondé était lui-même à la manette. Avec des responsables de l’administration, il a déployé le circuit de distribution dans tout le collège. Avant huit heures ce lundi, pas un seul individu sans masque dans ce grand collège de plus de 4000 apprenants. Maurille Mondé ne s’est pas arrêté là. Il a ensuite fait le tour des salles de classe, affiches à l’appui pour expliquer aux apprenants l’importance du respect scrupuleux des gestes. D’ailleurs, la vie du collège ne sera plus comme avant, informe son premier responsable. Les horaires pour la récréation ont été revus. Le premier cycle y sera en premier pour quinze minutes, suivi plus tard du second cycle pour la même durée. Et à l’heure de la pause, les vendeuses ne seront plus compactées sur les lieux de vente. Elles seront repositionnées dans la cour du collège de manière à respecter la distance sociale d’un mètre. Et pour ce qui est du port de masque, Maurille Mondé en fait une exigence majeure et menace de sévir contre tout contrevenant. Comme quoi, à l’heure du coronavirus, on peut en arriver à protéger les personnes contre leur gré !