Ceci peut heurter la sensibilité des pêcheurs en eau trouble mais qu’à cela ne tienne. Il faut pouvoir le dire. Insister à l’emporte vent s’il le faut. En effet, ceux qui ont prédit que le scrutin du dimanche 17 mai dernier serait vecteur de nouvelles transmissions du Coronavirus pourraient ne pas avoir tort. Encore moins ceux qui après élection, continuent d’alerter sur une catastrophe sanitaire post-électorale. Il est en réalité un fait que ces élections Communales et Municipales se sont déroulées sur fond de violation flagrante des gestes barrières.
Distanciation de sécurité sanitaire, foulée aux pieds ; port de masque, facultatif ; dispositif de lavage de main, soit méprisé, soit inexistant. Dans nombre de bureaux de vote parcourus et des informations recueillies sur toute l’étendue du territoire national, le constat reste identique avec à la clé, des attroupements d’individus dans un contexte où au fort de cette pandémie du Coronavirus, au Bénin, de plus en plus, des cas asymptomatiques mais tout aussi contagieux sont révélés. La crainte de nouvelles transmissions du Coronavirus est donc là. Patente. Une inquiétude que partage d’ailleurs la plateforme des Organisations de la société civile. Sur Rfi lundi 18 mai 2020, soit au lendemain du vote, Fatoumatou Batoko Zossou, renseigne le site d’information en ligne ‘’Banouto’’, a exprimé sa crainte d’une hausse des cas de la Covid-19 à l’issue de ces Communales. «Sur la plateforme, nous avions craint et continuons de craindre qu’il y ait un pic de personnes infectées par le virus Covid-19 à la suite de ce scrutin », fait-elle observer. Pic qu’elle va relier au non-respect des mesures barrières par les populations.
Mais pouvait-il en être autrement alors même que pendant la campagne électorale, nos politiques, la plupart, et leurs équipes d’animation ont de tout temps manifesté leur incivisme ? Si, ceux qui sont censés donner le bon exemple ont de toutes parts affiché leur mésestime des mesures préventives ; n’ont d’honneur que dans le mépris des textes, étant visiblement à l’abri des représailles, que peut-on attendre de leurs votants ? Faut-il le rappeler, pour déjouer ces dérives, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) a décidé d’une campagne électorale médiatique. Mais en lieu et place, les gens se sont transportés sur le terrain, caravane à l’appui. En son temps, même le rappel à l’ordre de l’Ordre national des médecins du Bénin n’aura pas valu un pet de lapin. Et comme si cela ne suffisait pas, il est arrivé à notre journal de constater qu’au soir du scrutin, les masques utilisés et jetés çà et là, sont devenus des objets d’attraction et de distraction pour les enfants qui trouvent leur plaisir à les collecter. Les plus âgés, aux premières heures de la maladie, en ramassaient aussi pour les laver afin de les revendre. L’alerte fut donnée. A cette allure, au final, de quoi veut-on se prémunir au juste ? Déjà qu’on n’est pas à même de dépister tous les enseignants, ne fallait-il pas prendre toutes les dispositions pour éviter ces agissements ?
Une seule conviction…
Quand dans un groupe, on jette une pierre, l’adage renseigne que chacun sauve sa tête. C’est instinctif. Dans cette crise sanitaire où la Covid-19 ne semble vouloir laisser aucune nation, il revient à chaque pays de trouver ses voies de sortie. Aussi folles, incomprises et combattues soient-elles, dans cette situation de pandémie, chaque nation doit, dans «une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir». La seule ici, c’est celle de sauver la population en la traitant. Et même si les tests sont chers et que le traitement a un coût, comme le rappelle lors de ses sorties le Ministre Benjamin Hounkpatin, le gouvernement doit prioriser la santé des Béninois que tout autre projet actuellement. La maladie étant déjà en communauté avec des cas asymptomatiques, le risque donc que les cas contaminés explosent dans les prochains jours suite aux Communales, n’est pas à minimiser. A l’heure actuelle, une seule conviction est plausible. Les tests massifs à toute la population.
Cyrience KOUGNANDE