Le débat sur l’assistance sociale à apporter aux artistes béninois a refait surface il y a quelques jours, avec le décès, des suites de maladie, du musicien Assa Cica. La solution à ce sempiternel problème pourrait venir du projet Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch).
Gilbert Déou Malè, directeur général du Fonds des arts et de la culture, et Eugène Aballo, directeur du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins, font partie des dernières personnes ayant été en contact avec l’artiste béninois de la musique traditionnelle Assa Cica sur son lit d’hospitalisation. À la sortie de cette visite, les deux directeurs sous tutelle du ministère en charge des Arts et de la Culture ont eu la dent un peu dure contre les proches de l’artiste défunt. Lesquels n’ont vraiment pas respecté leurs engagements et n’ont pas investi dans la santé de l’artiste au prorata des montants débloqués à cette fin. Il est à souhaiter que « les parents fassent un peu preuve d’honnêteté pour que les fonds puissent servir à ce pourquoi ils ont été débloqués», avait clairement fait savoir Gilbert Déou Malè, directeur général du Fonds des arts et de la culture.
Eugène Aballo, directeur du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins, va dévoiler quelques-unes des actions de sa structure au profit du même artiste, depuis août 2019 où son mal a empiré. Maintes fois, il a été demandé à ses proches de l’envoyer aux soins, et des enveloppes financières ont été remises à cette fin. Mais l’artiste, semble-t-il, n’a pas souvent eu droit à des soins conséquents et a été souvent filmé dans des états pas trop gais puis balancé sur les réseaux sociaux. Autant de choses que ces deux responsables ont dénoncées au terme de leurs échanges avec l’équipe médicale sans savoir que Assa Cica vivait ses derniers instants. Evoquer cette situation, ce n’est pas faire une fixation sur l’homme que pleure le monde culturel béninois depuis peu. Son cas est même loin d’être isolé. Ces dernières années, on a assisté à la même tendance pour de nombreux artistes du troisième âge qui, la plupart, sont passés de vie à trépas. On comprend ainsi pourquoi depuis plusieurs mois, des réformes sont envisagées pour l’appui social du Bubedra aux artistes.
Des réformes du Fonds social et culturel du Bubedra
Même si Assa Cica, de regrettée mémoire a bénéficié plusieurs fois de l’action sociale du Bubedra, cela n’impacte en rien ses dividendes en tant que sociétaire. « L’action sociale du Bubedra ne s’inscrit pas dans le cadre des redevances que l’artiste touche. Cette action sociale est une cagnotte à part qui sert en cas d’urgence, en cas de problème de santé, à voler au secours des artistes », explique Eugène Aballo. Mais ce mode de fonctionnement a montré ses limites et ne sert pas toujours la cause des artistes.
« La réflexion nous conduit à arrimer ce fonds social et à le mettre en cohérence avec le projet Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch) » contenu dans le programme d’action du gouvernement, soutient-il. Ce qui est prévu à ce niveau, selon nos informations, c’est la mise en place d’une police d’assurance maladie intégrée à l’Assurance pour le renforcement du capital humain au profit de tous les sociétaires au lieu de leur donner une somme qui couvre à peine les frais liés à leurs soins médicaux. On laisse aussi une possibilité au sociétaire de cotiser chaque mois pendant une période définie et recevoir à terme, une retraite mensuelle ou trimestrielle. Autre possibilité, c’est de cotiser chaque mois pendant une période définie et recevoir à terme, une retraite globale.
Ces réformes envisagées pour en finir avec la précarité dans le milieu culturel ont eu pour point de départ, il y a quelques mois, une nouvelle carte numérique sécurisée et multifonction pour les artistes. En effet, au mois de mai de l’année dernière, des sociétaires du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins sont entrés en possession de nouvelles cartes. Plus qu’un simple sésame, la nouvelle carte induit une série de transformations avec pour finalité, le bien-être des acteurs culturels et plus particulièrement des artistes. Avant d’en arriver là, il a fallu passer au scanner la base de données du Bubedra pour extirper les artistes fictifs, les doublons et autres sociétaires de nom qui n’existent que pour percevoir des dividendes. Au total, le Bubedra a retenu un ensemble d’actions qui traduit la volonté du gouvernement d’améliorer le mieux-être des artistes, apprend-on. Une volonté dont la matérialisation est la série de réformes que connaît cette structure avec une nette amélioration de son rendement et de ses prestations n
Que disent les chiffres ?
La capacité de mobilisation des ressources s’est nettement accrue et les chiffres actuels témoignent d’un travail d’orfèvre. « Mon équipe et moi ne dormions pratiquement pas… Nous ne sommes pas venus dire ce que nous avons l’intention de faire, nous sommes venus dire ce que nous avons», expliquait Eugène Aballo au lancement de la nouvelle carte. Pour ce qui est des chiffres de la structure, ils sont en nette croissance. D’une mobilisation de fonds évaluée à 113.153.542 F Cfa en 2014, elle est passée en 2016 à 141.495.182 F Cfa avant de remonter en 2017 à 147.857.256 F Cfa. Depuis 2018, le Bubedra tutoie les 197.329.275 F Cfa, soit une collecte en augmentation de 35 % en 2018 par rapport à 2017. Par ailleurs, il est passé de deux à trois répartitions par an avec des dividendes nettement en hausse. « De 35.000F Cfa de droits, je suis passé à plus de 700.000F Cfa », témoigne un jeune artiste. D’avril 2018 à mai 2019, 345 contrats ont été également signés et 32 cas d’assistance sociale avec des montants plus relevés ont été mis à la disposition de certains artistes, informent certaines sources.