La bonne nouvelle attendue et pour laquelle beaucoup de Béninois s’empressent pour prendre connaissance des décisions issues de chaque Conseil des Ministres, est tombée le mercredi dernier. En effet, la principale décision issue du Conseil des ministres de ce mercredi 10 juin 2020 est l’annonce des mesures sociales et de soutien à l’économie béninoise face aux effets de la pandémie de Covid-19. Cette crise, au début, sanitaire s’est rapidement muée en une crise économique mondiale et appelle ainsi une riposte économique et sociale pour relancer l’économie. Il ressort d’une analyse participative de la situation initiée par le gouvernement que plusieurs agents économiques sont affectés, notamment les ménages pauvres et extrêmes pauvres, les artisans ainsi que les entreprises.
Cap sur un programme de soutien au secteur productif
Pour atténuer les effets de ce choc, le Gouvernement a initié un programme de soutien au secteur productif. Evaluées à 74,12 milliards de FCFA, les mesures contenues dans ledit programme s’articulent en trois grands points. Il s’agit d’un soutien d’un montant de 63,38 milliards de FCEA au profit des entreprises. Cette dotation est destinée à la prise en charge, selon le cas, de 70% du salaire brut des employés déclarés sur une période de trois mois, au remboursement des crédits de TVA, à l’exonération du paiement de la taxe sur véhicule à moteur pour ceux qui ne l’ont pas encore payée au titre de l’année 2020 ou à sa conversion en crédit d’impôt au titre de l’année 2021 pour ceux qui l’ont déjà payée, à la prise en charge des loyers commerciaux sur trois mois au profit des agences de voyage déclarées. Elle est également destinée à la prise en charge intégrale des factures d’électricité pendant 3 mois pour les hôtels et les agences de voyage à hauteur de 4,1 milliards de FCFA. Ce point intègre également un fonds de bonification de 30 milliards de FCFA au support d’une ligne de financement de 100 milliards de FCFA à taux zéro au profit des acteurs économiques ciblés via les établissements bancaires et les systèmes financiers décentralisés (SFD). Les crédits qui seront accordés via les établissements bancaires à zéro pour cent (0%) de taux d’intérêt seront remboursables sur une période de trois (3) ans maximum. Quant aux crédits accordés par les SFD, ils seront remboursables sur une période d’un an maximum. Le deuxième point de ce programme est relatif à un appui de 4,98 milliards FCFA destinés aux artisans et acteurs de petits métiers affectés par la pandémie. Il prend en compte 55.000 personnes de ces catégories (professionnels de la coiffure, de la couture, de la soudure, de la menuiserie, petites vendeuses, etc.) qui se sont inscrites sur la plateforme digitale ouverte à cet effet, ainsi que dans les mairies et centres de promotion sociale, et enfin le troisième point concernant une subvention de portée générale, qui s’applique à tous les citoyens, sur les tarifs de l’électricité et d’eau pour un montant de 5,76 milliards de FCFA. A tout cela s’ajoutera une subvention particulière au profit des pauvres et extrêmes pauvres dès la fin de l’opération de leur identification qui est en cours. En approuvant ces mesures, le Conseil a instruit les Ministres concernés à l’effet de veiller à leur mise en œuvre immédiate. Certains citoyens auraient souhaité que ces mesures interviennent beaucoup plus tôt, mais le Gouvernement, bien que conscient des difficultés générées par cette crise sanitaire sur les plans économique et social, ne pouvait se permettre d’agir à l’aveuglette. Loin de verser dans du populisme, le Président Patrice Talon et son Gouvernement ont une fois encore affirmé leur méthode pleine de logique, de sens et de responsabilité en prenant le temps d’observer et surtout de discuter avec les acteurs socioéconomiques pour prendre la juste mesure des impacts de la crise. C’est cette démarche objective et pertinente qui a permis de discuter avec les principaux concernés afin de mieux cerner la meilleure manière de les aider à relancer leurs activités. Une démarche qui a permis d’appréhender en toute objectivité, l’ampleur des impacts de cette crise et les solutions idoines à y apporter. Ce qui a favorisé, a contrario d’un saupoudrage, le résultat qui est le programme de soutien au secteur productif qui doit s’analyser comme une riposte économique et sociale pour relancer l’économie. Pour rappel, dans le but de favoriser l’efficacité des mesures barrières prises par le Gouvernement, plusieurs activités ont été suspendues. Des dispositions qui ont eu des conséquences négatives sur la viabilité des entreprises touchées. Ainsi ce programme de soutien au secteur productif vient à un moment où on amorce progressivement le retour à la vie normale et les entreprises ou les activités de façon générale ont besoin d’une bouffée d’oxygène pour reprendre de plus belle. C’est la raison pour laquelle ce programme comporte des mesures en faveur des entreprises formelles, des artisans et petits métiers de services de l’informel ainsi que des personnes vulnérables que sont les pauvres et extrêmes pauvres. En un mot, toutes les cibles s’y retrouvent, et les solutions proposées sont réalistes et admises d’autant qu’elles sont issues d’une démarche participative et ont reçu l’approbation des principaux concernés.
Laurent D. KOSSOUHO