L’Assocation béninoise de droit constitutionnel (Abdc) poursuit la célébration du trentenaire de la conférence nationale. Elle a convié le président du comité préparatoire de ses assises historiques, Me Robert Dossou à s’entretenir avec la jeune génération sur les acquis de ladite conférence, le 16 juin dernier à Porto-Novo. « Lorsque je regarde des jeunes comme lui, j’ai confiance dans le legs que ma génération laisse… », a déclaré Me Robert Dossou à l’endroit du professeur Joël Aïvo, président de l’Abdc, qui a introduit son doyen à l’ouverture des échanges.
A en croire Robert Dossou, deux choses principales sont à retenir de la conférence national : la foi patriotique et les moyens arrêtés pour la perpétuer. Au dire de l’ancien président de la Cour constitutionnelle, ‘’la foi patriotique est une croyance que l’on a fermement dans le devenir de sa patrie. Car l’homme naît, grandit et meurt dans une société donnée’’. Et parlant de foi patriotique, l’homme de droit relève encore deux problématiques à savoir la Nation et l’Etat. Il fait observer qu’en Afrique au sud du Sahara, les nations sont en construction. « Sommes-nous au Dahomey, au Bénin ou dans une nation ? », s’est interrogé le conférencier avant d’affirmer que nous sommes une nation en construction. D’abord des pays morcelés du fait de la colonisation qui a découpé les terres sans tenir compte des liens socioculturels. « Nous ne nous sommes pas mis ensemble volontairement… Des familles ont été écartelées. Par exemple, la frontière a coupé un même village en deux entre le Bénin et le Togo. Notre nation n’est pas totalement construite ».
En ce qui concerne la problématique de l’Etat, Robert Dossou laisse entendre que l’Etat est une institution (organe) constituée de manière durable sur des règles bien établies. « Il faut que les règles soient bien sauvegardées, pour éviter les tendances patrimonialistes qui entraînent le messianisme dans nos pays ». Selon l’ancien président de la Cour constitutionnelle, c’est parce que les règles ne sont pas bien sauvegardées que l’on assiste à une remise en cause perpétuelle des pays et que celui qui accède au pouvoir touche à tout, ce qui devrait être le cas dans un Etat. Il cite en exemple la Mauritanie où le président a apporté sa touche personnelle au drapeau national vers la fin de son mandat.
Quelle réponse la conférence nationale a-t-elle apporté à ces différentes problématiques ? Robert Dossou répond que : « La conférence a créé un sursaut patriotique et chacun s’est senti membre d’une nation. C’est la première des choses. A ces assises, se sont rencontrés et tombés dans les bras l’un de l’autre, ceux qui ont été condamnés à mort et ceux qui les ont condamnés. Il y avait une pression unitaire, d’un courant patriotique, nous nous sommes tous sentis nation ». Le président du comité préparatoire indique que c’est la raison pour laquelle la conférence nationale a posé un certain nombre de règles dont les ayant fondé la nouvelle constitution, celle du 11 décembre 1990.
En ce qui concerne les moyens que la conférence a dégagés pour perpétuer la foi patriotique, ils se résument en deux : le citoyen et le consensus. « Le citoyen entièrement est libéré à la conférence. Il peut s’organiser en association et en parti politique. Cette leçon ne pourra jamais être effacée en République du Bénin. Elle peut être mise entre parenthèse un temps parce que la souveraineté appartient au peuple. La conférence nationale nous a conduits au consensus. C’est le plus grand héritage. Nous ne nous sommes pas battus, nous avons dialogué ».
Pour lui, la constitution béninoise du 11 décembre 1990 a donc établi des règles auxquelles en principes nous ne devons pas toucher. La séparation des pouvoirs sans interférence. L’Etat de droit. Pour qu’il y ait Etat de droit, il ne suffit pas que gouvernants et gouvernés soient conformes à la loi mais il faut aussi que la loi soit conforme aux préceptes fondamentaux des droits de l’homme.
Les participants ont été ainsi servis et suffisamment nourris sur les acquis de la conférence nationale de février 1990.