Renforcer les stratégies de lutte contre la corruption s’avère nécessaire dans le contexte actuel de mobilisation sans précédent de fonds d’urgence en riposte à la pandémie de Covid-19. Un nouveau rapport de la Banque mondiale attire l’attention des pouvoirs publics et définit les approches et outils qui peuvent les y aider.
Les risques de corruption sont susceptibles de fragiliser l’efficacité de la riposte contre la pandémie de Covid-19, selon la Banque mondiale qui vient de publier un rapport intitulé « Enhancing Government Effectiveness and Transparency: The Fight Against Corruption». La diligence notée dans le décaissement des fonds pour la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus ne doit pas faire perdre de vue la nécessité de respecter l’orthodoxie dans la gestion financière, signale l’institution.
Elle fait remarquer que les dépenses inédites engagées par les pouvoirs publics dans le cadre de cette lutte l’ont parfois été sans respecter les mécanismes habituels de contrôle. «Alors que les pays s’engagent sur la voie d’un redressement plus résilient et plus inclusif, il est essentiel d’utiliser avec prudence et de manière transparente des ressources limitées », préconise Mari Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale, citée dans un communiqué annonçant la parution du rapport.
Le document revient sur les leviers permettant de renforcer l’efficacité des stratégies de lutte contre la corruption dans les secteurs de l’économie les plus touchés par la pandémie. Les experts suggèrent que les pouvoirs publics définissent clairement leurs actions, appliquent les règles, sanctionnent les infractions et résolvent les problèmes en toute transparence dans les meilleurs délais. Ceux-ci devront être particulièrement regardants dans l’attribution des marchés publics, la construction et l’équipement des infrastructures, la gestion des entreprises d’État, l’administration des douanes et les services, souligne la Banque mondiale.
« Ce rapport montre à quel point il est important de conjuguer les méthodes traditionnelles de lutte contre la corruption aux dispositifs les plus modernes, comme l’administration numérique et les marchés publics dématérialisés pour lutter contre ce fléau, même dans les contextes les plus difficiles et les plus fragiles », indique Ed Olowo-Okere, directeur mondial pour la Gouvernance à la Banque mondiale.
Tolérance zéro
Une des principales sources de financements et de connaissances pour les économies en développement, le Groupe de la Banque mondiale prévoit d’apporter jusqu’à 160 milliards de dollars de financements sur une période de quinze mois à plus de 100 pays dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 et du redressement des économies. Mais il tient à la bonne gestion de ces fonds qui aideront à protéger les populations vulnérables et à soutenir les entreprises touchées.
Sur la base d’études de cas menées dans le monde entier, le groupe propose un ensemble d’approches et outils pouvant être utilisés et adaptés à chaque contexte national. Par exemple, le programme de réforme foncière a permis d’améliorer la gestion des conflits liés aux terres et de renforcer l’efficacité et la transparence en termes de gouvernance foncière au Rwanda. L’automatisation de la délivrance des titres a notamment réduit les pots-de-vin versés aux agents du cadastre.
L’introduction du système dématérialisé de passation de marchés, doublée d’une transparence accrue et de la participation des citoyens, permettrait d’accroître la concurrence et d’obtenir des entreprises retenues un ajustement optimal des prix, comme au Bangladesh où cette méthode a été appliquée. Modernisé comme en Colombie, le dispositif d’appels d’offres dématérialisés augmentera le nombre de processus concurrentiels et par conséquent la transparence dans l’attribution des marchés et l’efficacité dans la réalisation des travaux.
Le libre accès aux déclarations de patrimoine et d’intérêts des agents de la Fonction publique, l’informatisation des opérations nationales de dédouanement, sont également souhaités pour réduire la corruption à défaut de l’enrayer complètement.
La Banque mondiale s’engage à collaborer avec ses partenaires gouvernementaux, la société civile et le secteur privé afin de lutter contre la prévarication des ressources et contenir ses effets destructeurs sur la société. Pour ce qui est du Bénin, les nombreuses réformes entreprises depuis quatre ans dans le cadre du Doing Business participent de la modernisation de la gouvernance, de la dématérialisation de l’administration et de la réduction des actes de corruption. Comme quoi le pays est sur le droit chemin.
Par Claude Urbain PLAGBETO / La Nation