Les élections professionnelles sont imminentes et les confédérations et centrales syndicales s’activent pour ratisser large. La Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), fort des actions menées jusqu’ici pour la défense et la préservation des acquis des partenaires sociaux, semble avoir la confiance de la majorité des travailleurs. Dans un entretien exclusif accordé à votre journal, Anselme Amoussou, secrétaire général de la Csa-Bénin, a évoqué les grands défis relevés par son équipe depuis quatre (04) ans. Si le parcours force l’admiration et témoigne de la capacité du jeune leader syndical à s’adapter et solutionner des situations aussi complexes qu’a connu le syndicalisme béninois, la Csa-Bénin représente l’avenir du syndicalisme au Bénin, selon Anselme Amoussou. Et des raisons évoquées dans cet entretien, il ressort que la Confédération des syndicats autonomes reste le meilleur choix qui s’impose aux travailleurs lors des prochaines élections professionnelles. Lire l’intégralité de l’entretien !
Monsieur Anselme Amoussou, Vous avez pris les commandes de la Csa-Bénin, il y a quelques années maintenant. Des engagements ont été pris, des défis identifiés et une nouvelle vision annoncée. A ce jour, que peut-on retenir concrètement du chemin parcouru? Des défis ont-ils été relevés?
Les défis de la mandature que les membres de la confédération ont identifiés se résument dans la formulation de la vision que nous avons adoptée en 2017. « Construire une CSA-Bénin forte, représentative et crédible qui fonde son action sur le respect des textes, les principes de démocratie, la promotion du dialogue social, de la négociation, du travail décent, du genre et des stratégies innovantes de lutte. » Cette vision partait d’un état des lieux sans fard pour identifier les insuffisances de l’édifice de la CSA-Bénin à savoir une faiblesse structurelle et un dysfonctionnement des composantes de l’organisation, un recul dans la formation des membres, une absence de politique cohérente de recrutement, etc. Nous avions retenu trois grands axes prioritaires qui sont le renforcement de la culture syndicale, l’efficacité de l’action syndicale et le financement de l’action syndicale. Quatre années après, je peux dire que la CSA-Bénin a réussi au-delà des attentes car l’école syndicale qu’elle incarne impacte tout le syndicalisme béninois aujourd’hui. Il suffit de suivre la communication de la plupart des organisations syndicales dans le pays pour constater que le discours qui était celui de la CSA-Bénin est devenu le discours commun. C’est une reconnaissance du leadership de notre confédération dans le sens de la réforme de l’action syndicale. Le résultat dont je suis le plus fier demeure cette proximité créée et entretenue avec les militantes et militants que nous avons rendus progressivement fiers de leur identité syndicale. La CSA-Bénin a aujourd’hui une armée de travailleurs prêts à défendre et porter la vision d’un syndicalisme axé sur la professionnalisation de la fonction syndicale. Au plan régional et international, la CSA-Bénin s’est hissé à des niveaux rarement atteints par le syndicalisme béninois. Je peux donc répondre à votre question. Oui !! Des défis ont été relevés. De grands défis l’ont été dans la démultiplication des axes prioritaires. Même si nous restons partisans de l’assertion populaire selon laquelle tant qu’il reste à faire, rien n’est fait. Nous gardons notre lucidité car n’avons pas accompli le miracle de relever tous les défis.
Dites-nous, quel est votre sentiment après ce long chemin pourtant jalonné d’épines?
J’ai le sentiment que nous avons vaincu l’adversité et la méchanceté. Que nous avons réussi à déployer un leadership authentique au cours de ce mandat et que finalement, nous avons le droit de nous sentir fiers et heureux de participer à la construction progressive d’un édifice syndical national plus crédible et respecté. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les camarades du Bureau Exécutif National et l’ensemble des responsables, experts, personnes ressources et tous les militantes et militants de notre organisation.
Les élections professionnelles sont imminentes. Dites-nous quelles sont les raisons qui doivent motiver les travailleurs à porter leur choix sur la Csa-Bénin ?
La démocratie interne est une tradition à la CSA-Bénin. Nous sommes l’une des rares organisations qui font de l’alternance et du débat démocratique, une réalité vécue au quotidien. La CSA-Bénin met la réflexion avant l’action et reste porteuse d’une vision de l’action syndicale qui prône la responsabilité et l’efficacité avant tout. Vous savez qu’on on assiste à un affaiblissement du syndicalisme, pas seulement au Bénin. Les règles de jeu dans l’arène professionnelle sont remises en cause par les mutations profondes induites par les crises et la globalisation. Les syndicats se retrouvent partout dans une position de vulnérabilité surtout dans des pays comme le Bénin ou le taux de syndicalisation est très faible. La CSA-Bénin est la seule confédération qui reconnaît de façon responsable, l’affaiblissement du pouvoir syndical et qui propose, non pas d’en subir les contraintes, mais de relever le défi avec intelligence et des stratégies innovantes. L’intérêt des travailleurs béninois réside dans l’abandon d’un syndicalisme décadent, dépassé, déphasé, sclérosé et aveugle pour un syndicalisme de modernité, d’efficacité, qui agisse pour la construction des alliances entre les syndicats et la société civile, pour le raffermissement de la cohésion syndicale au plan national, pour la formation des membres et pour un dialogue social effectif. Pour toutes ces raisons je pense pouvoir affirmer que la CSA-Bénin représente l’avenir du syndicalisme dans notre pays et mérite d’être soutenue par l’ensemble des travailleurs.
Quelles sont les démarches entreprises pour maximiser les chances de la Confédération?
Assurer et poursuivre une présence de qualité sur le terrain pour être à l’écoute des préoccupations des travailleurs en même temps que nous diffusons la vision et le discours de la confédération. Informer et sensibiliser sur les enjeux de cette élection et surtout sur le mode électronique qui est le choix opéré pour ce scrutin. Veiller à la communication des listes des travailleurs dans les structures ou nous sommes implantés. Déconstruire au besoin les machinations habituelles de ceux qui ne pensent gagner qu’en diffamant et en désinformant.
Un appel ou un message à lancer aux travailleurs ?
Je voudrais dire aux travailleurs que ce qui nous arrive dans le syndicalisme béninois est une étape qui peut déboucher sur des changements qualitatifs si nous savons réagir comme des battants. Les lois qui ont été votées et promulguées qui mettent en péril des acquis importants sont le résultat du rapport de forces du moment. Nous avons le devoir de faire l’introspection nécessaire pour faire basculer ledit rapport de forces en faveur du pouvoir social. C’est l’un des enjeux de cette troisième édition des élections professionnelles. Nous n’avons pas le droit de nous tromper de combat ni de nous tromper dans notre choix. Le temps du syndicalisme indécemment politique et totalement nuisible aux intérêts des travailleurs est révolu avec la CSA-Bénin.
Propos recueillis par Aziz BADAROU