La polémique ne désenfle pas au sujet de la vingtaine de fonctionnaires de police mis aux arrêts de rigueur dans le cadre de la mission de vérification du port régulier de la tenue de service en situation d’activité, et de la gestion faite des ressources additionnelles allouées aux commissariats. Certes, les sanctions disciplinaires au sein du corps paramilitaire ne sont pas monnaie courante sous nos cieux, encore moins pour des motifs qui paraissent négligeables pour le Béninois lambda. Mais, faut-il continuer avec ce laxisme dans la gestion des affaires de la cité, où les pratiques peu recommandables prennent le pas sur la législation en vigueur ? Tenez ! L’article 90 du décret 2016-137 du 17 mars 2016 dispose que : « tous les fonctionnaires de la police nationale, en position d’activité, sont astreints en service, au port de l’uniforme », et définit clairement les conditions dans lesquelles le fonctionnaire pourrait être délié de cette obligation, tout étant en activité. Jean-Jacques Rousseau dira que : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ». C’est donc pour avoir violé les dispositions de l’article 90 de ce décret 2016-137, portant statuts particuliers des corps des personnels de la Police nationale que ces agents ont été astreints à subir la rigueur de la loi. Et que dire de la dilapidation des ressources additionnelles allouées aux unités de police ? « La police est une organisation paramilitaire, c’est-à-dire soumise à un règlement de discipline qui lui est propre à l’instar de l’armée. La réalité est que les textes n’étaient pas appliqués avec la même fermeté par le passé. Des registres sont mis en place dans toutes les unités pour garantir la transparence, malheureusement certains ont choisi de les mettre sous le boisseau et gèrent les ressources publiques comme dans une épicerie », a déclaré l’inspecteur général de brigade, Nazaire Hounnonkpè.
Autre temps, autres mœurs
En effet, depuis quelques semaines, il y a une commission dirigée par le Colonel Yaya de la présidence de la République, dont la mission est de vérifier la tenue des registres comptables dans les commissariats et le respect des textes en matière de port de tenue treillis. Et c’est suite à ses descentes inopinées que la mission s’est rendu à l’évidence que les bonnes habitudes ont déserté le forum, notamment dans les départements de l’Atlantique, du Littoral, de l’Ouémé pour ne citer que ceux-là. La moisson fut donc abondante, et les fonctionnaires de police évincés purgent leur peine derrière les barreaux. Mais, à en croire le porte-parole de la police, les mis en cause pourraient, une fois libres, exercer leur droit de recours s’ils estiment qu’il y a disproportion entre la sanction et la faute. Toujours est-il que plus rien ne sera comme avant au niveau de la police nationale. Il n’y a donc pas de raisons à soulever une vaine polémique qui prête flanc à l’anarchie. Il faut plutôt souhaiter que ces situations malencontreuses ne surviennent plus au sein des disciples de St André. C’est bien possible. « Nous devons bien gérer les ressources additionnelles. Les camarades pensent que c’est de la manne tombée du ciel. Il n’est pas dit que nécessairement, ce qui est perçu doit être terminé au bout d’un mois. Les chefs d’unités sérieux les utilisent sur plus d’un mois », a laissé entendre l’inspecteur général de brigade Nazaire Hounnonkpè. Seule la clémence du chef de l’Etat peut désormais sauver les mis en cause.
23-08-2017, Arnaud DOUMANHOUN