La suppression du Ministère de la Communication et de la Poste au dernier remaniement ministériel, intervenu après la réélection de Patrice Talon, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Ceci, à tel point que le chef de l’Etat a jugé opportun d’apporter des clarifications en direct dans un débat sur la chaîne de télévision E-Télé. Pour Patrice Talon, la suppression du Ministère de la communication et de La Poste, avec pour conséquence le départ du gouvernement de celui qui en avait la charge, Alain Orounla, répondait à la nécessité de séparer la propagande gouvernementale de la gestion des médias. Le chef de l’Etat a justifié sa décision par le fait que le Ministère de la communication, sensé s’occuper de la formation et du suivi des médias aussi bien du service public que du privé, se trouve être donc un canal de propagande du gouvernement avec le poste de porte-parole. Ce que Patrice Talon a voulu corriger en confiant le porte-parolat au Secrétaire général adjoint du gouvernement. Dans le même temps, Patrice Talon a laissé entendre que la formation des journalistes et la subvention des médias seront désormais du ressort de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac). Seulement, la lecture qu’on a du décret N°2021-308 du 09 juin 2021 portant attributions, organisation et fonctionnement du Ministère du Numérique et de la Digitalisation n’est pas ce qu’on a voulu faire croire aux Béninois. Quand on parcourt ce décret, le Ministère du Numérique et de la Digitalisation a, dans ses attributions, tout ce qui relevait du domaine de l’ex-Ministère de la Communication. L’article 8 du décret a été on ne peut plus explicite, en ce qui concerne le volet Direction des médias. On y lit, entre autres attributions, « proposer, mettre en œuvre et assurer le suivi des politiques et stratégies de l’Etat dans le sous-secteur des médias ; renforcer la qualité du paysage audiovisuel ; promouvoir, en relation avec les autres structures de l’Etat, la production de contenus locaux dans les secteurs cinématographiques, audiovisuels et musicaux ; contribuer à la promotion de la liberté de la presse et du droit à l’information ; assurer la modernisation des médias du service public et enrichir l’offre de services, etc. »
En somme, le nouveau décret portant Aof du Ministère du Numérique et de la Digitalisation rappelle celui de l’ancien Ministère de l’Economie numérique et de la Communication, tel que c’était il y a environ 2 ans, avant la nomination de Alain Orounla. Quand ce dernier a été promu Ministre de la Communication et de La Poste, Porte-parole du gouvernement, c’est ce que gérait Aurélie Adam Soulé Zoumarou qui a été coupé en deux et une partie remise à Alain Orounla.
Après le dernier remaniement, à part La Poste qui est allée au Ministère de l’Economie et des finances, tout ce qui restait du Ministère de la Communication est allé au Ministère du Numérique et de la Digitalisation, les cadres, les véhicules, tout le matériel. Evidemment, on comprend mieux pourquoi c’est à Aurélie Adam Soulé que Alain Orounla a passé service. Elle gérait même déjà l’Ortb avant la prise du décret portant Aof du Ministère du Numérique et de la Digitalisation. Et, dans le nouveau décret, parmi les structures sous tutelle, il y a l’Ortb, l’Agence Bénin Presse, l’Onip…
C’est dire qu’Aurélie Adam Soulé retrouve les attributions qu’elle avait perdues à la création du Ministère de la Communication et de La Poste.
M.M
Lire le Décret N°2021-308 du 09 juin 2021 portant attributions, organisation et
fonctionnement du Ministère du Numérique et de la Digitalisation.