L’Afrique a besoin aujourd’hui d’un environnement où les risques des investissements sont modérés et la sécurité du capital garantie, estime le président Patrice Talon. Invité d’honneur de la quatrième table ronde sur la bancabilité des risques africains, organisée par l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (Aca) à Nairobi au Kenya, il n’est pas allé par quatre chemins pour appeler à une meilleure prise en compte de l’assurance-crédit.
Face aux besoins d’investissements structurants des Etats africains, le partenariat public-privé s’impose, selon le président Patrice Talon, comme une réponse. Disposer d’outils appropriés permettant des investissements malgré la persistance de la perception de risque élevé en Afrique reste une nécessité. Bien que l’Afrique ait un taux de croissance appréciable, il fait observer, à la tribune de la quatrième table ronde sur la bancabilité des risques africains à Nairobi au Kenya, que le niveau des investissements privés dans les secteurs prioritaires tels que les infrastructures, l’industrie, l’agriculture et la transformation des ressources minières reste globalement limité en raison de la perception de son niveau de risque.
Et dans ce contexte, il ne voit comme alternative que l’assurance-crédit, un outil efficace pour couvrir le commerce et l’investissement en Afrique. Sur un continent où la perception du risque a toujours été excessive, il a saisi l’instant de son intervention pour plaider en faveur de l’assurance-crédit. L’avènement de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (Aca) constitue d’ailleurs à ses yeux, une avancée sur le front du développement d’autant plus qu’elle est appelée à « accroître les investissements ainsi que les échanges commerciaux entre les pays membres et entre l’Afrique et le monde ».
Mais pour atteindre cet objectif, Patrice Talon estime qu’il faudra offrir des assurances de durées plus longues. Surtout que sur le continent, l’investissement privé ne s’intéresse qu’aux secteurs ayant une rentabilité à court et moyen termes laissant aux gouvernements les investissements structurants à rentabilité plus longue. Or le développement durable des économies africaines ne peut désormais s’envisager sans l’investissement privé dans les domaines structurants.
Il faudra également, apprécie-t-il, proposer des produits alignés sur les critères internationaux en termes de qualité et offrir ces services à des tarifs conformes aux risques, fondés sur sa présence sur le terrain et son appréciation des réalités africaines. L’Aca pourrait, à ce titre, indique-t-il, proposer par exemple des fiches de notation du risque des pays qui permettent aux autres agences de mieux nous apprécier.
Elle pourrait concentrer davantage ses efforts de couverture sur des investissements structurants par rapport au commerce de l’import-export. Ce secteur d’import-export étant mieux maîtrisé par les banques commerciales plus proches des clients.
Il a cependant fait remarquer que le coût des services offerts par les agences d’assurance-crédit y compris l’Aca renchérit le coût des emprunts contractés parl’investisseur.
Aussi, envisage-t-il une réduction des primes d’assurance proposées par l’Agence. Ceci contribuera, croit-il, d’une part à ajuster progressivement à la baisse les primes de risque évaluées par les autres agences éloignées des réalités du secteur privé africain. Et d’autre part, permettra aux pays d’obtenir un taux effectif des emprunts en cohérence avec leur stratégie d’endettement et les investissements réalisables.
Le déficit en matière d’assurance-crédit pour couvrir le commerce et l’investissement en Afrique est grand et la création de l’Aca semble présager de lueurs d’espoir pour un continent que le chef de l’Etat béninois pense s’affirmer économiquement et de manière visible.
La table ronde donnera lieu à des débats autour du dialogue entre les gouvernements et le secteur privé et permettra aux participants de réfléchir sur d’autres produits d’assurance y compris ceux destinés à couvrir les investissements longs. Les réels paramètres de bancabilité de projets d’investissements en Afrique ainsi que les innovations et mécanismes susceptibles d’accompagner les besoins d’investissements sur le continent africain constituent, entre autres, les points autour desquels se tiennent les échanges à ces assises.