La plage de Ouidah a accueilli, ce lundi 10 janvier, les manifestations officielles marquant la 29e édition de la fête nationale des religions endogènes. C’est à travers le festival vodoun cultes et culture placé sous la houlette du ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, Jean-Michel Abimbola.
La fête des religions traditionnelles fait son come-back dans toute sa splendeur cette année. Après les deux dernières éditions célébrées a minima du fait de la Covid-19, revoilà la fête du vodoun en grande pompe avec les ballets et parades extraordinaires de divers couvents. A Ouidah, ce lundi, une dizaine de couvents ont tenu en haleine le public venu des quatre coins du monde pour admirer les spectacles des divinités. Perles au cou, tissus rouges autour du front, pagnes noués à la poitrine pour les femmes et à la taille pour les hommes, les adeptes du couvent Adantô Hounmê, ouvrent la scène après les allocutions protocolaires. Ils ont chanté et présenté leurs pas de danse distinctive, ceci, au rythme des tams-tams et castagnettes. Idem pour les couvents Bossikpon Houé, Hou Houé, Houngnikpo Houé, Zo Houé, Bada Adankpodji, Gbadê Houé, Gambada Kokou. Le public a également admiré la parade du couvent Sakpata (dieu de la terre) dont les adeptes se distinguent par le port du rouge et leur danse faite, en partie, d’enchaînement de pirouettes. Tout de blanc vêtus, perles au cou, avec leur parfum assez odorant, les adeptes de Mami Dan ont également égayé le public. Le spectacle des Zangbéto (gardiens de la nuit) a mis un terme à la cérémonie sous le regard attentif de Dada Daagbo Hounon Houna II et du Pontife du Vodoun Daagbo Hounon Tomadjle Houkpon Houwa Menou II accompagné du chef de la collectivité de Souza.
Notons qu’à l’entame de la cérémonie, le représentant du Pontife du vodoun a donné lecture du compte rendu de l’oracle de 2022. « C’est le signe Losso Médji qui est apparu. Le Fâ recommande d’éviter le mensonge. Le mal du matin sera conjuré le soir, et beaucoup de femmes tomberont grosses cette année mais de grâce, elles doivent éviter les avortements », affirme l’intéressé.
Vodoun, source multidimensionnelle
Après avoir souhaité la bienvenue et formulé ses vœux de nouvel an au public composé, entre autres, d’expatriés, d’afro-descendants ou encore d’occidentaux amoureux de l’Afrique, Christian Houétchénou, maire de Ouidah, se réjouit du fait que Ouidah « autrefois théâtre et centre névralgique de la traite négrière, accueille et réconcilie désormais les peuples et partage ses valeurs culturelles et cultuelles dans le profond respect de la différence et de la diversité ». Il rappelle que la fête du vodoun initiée en 1993 se propose de consolider le vivre-ensemble communautaire, et apprécie fortement les réalisations gouvernementales en cours à Ouidah. L’autorité communale rappelle également que les réalisations en cours permettront de renforcer le potentiel touristique de la ville et faire d’elle « le cœur de la promotion touristique du Bénin, de l’Afrique de l’Ouest ».
En tout cas, le Bénin rêve de devenir la ‘‘ Mecque du vodoun ’’, dira le ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, Jean-Michel Abimbola.
« Loin de l’image caricaturale qu’en a donné le cinéma hollywoodien, débarrassé de l’étiquette du satanisme qu’on lui a longtemps collée, souligne-t-il, le vodoun s’est affirmé, au fil du temps, comme une source multidimensionnelle de l’altérité africaine. On y découvre une science du savoir, un creuset de tolérance, un ensemble de croyances philosophiques, un savoir-faire artistique ». Pour le ministre, cette école de la vie qui prône des valeurs fondamentales comme l’amour, l’humanisme, la tolérance, le respect de la nature, demeure encore et heureusement, la vitrine identitaire de la plupart des peuples du golfe du Bénin en général et de leur diaspora. Aussi, Jean-Michel Abimbola s’estime heureux que malgré l’hostilité, la chape de plomb et le mépris dont le vodoun a souffert, il reste toujours vivant, pratiqué par beaucoup d’afro-descendants qui y ont trouvé les réponses à leurs interrogations identitaires, l’apaisement à leurs angoisses spirituelles.
« Mais ce qui est extraordinaire aujourd’hui, poursuit-il, c’est que le vodoun a gagné le cœur de nombreuses personnes dans le monde, au-delà des communautés africaines et de leur diaspora. On ne compte plus les travaux scientifiques qu’il inspire aux chercheurs, ni les films documentaires qu’il suscite chez les réalisateurs, ni la fascination qu’il continue d’avoir sur des millions de curieux à travers le monde ».
Par Ariel GBAGUIDI