Les cours dans les établissements publics ne se dispenseront pas sur les chaînes de radio et de télévision, encore moins dans les colonnes des quotidiens. Le battage médiatique qui vise sans doute à voiler le vrai visage de l’école béninoise, qui a ouvert ses portes le lundi 18 septembre 2017, ne saurait suffire à passer sous silence des réalités aux antipodes du développement et qui contrastent avec la vision du chef de l’Etat. Pour la deuxième rentrée scolaire sous l’ère de la rupture, le constat est ahurissant. A-t-on vraiment préparer cette reprise des classes avant d’envoyer les enfants dans l’enfer de l’école ? Pour les enseignants, les primes ont été perçues, l’essentiel est fait. « De gros problèmes subsistent toujours et se résument en deux grands volets : la motivation des enseignants et la sécurisation de la carrière… ». Tel est l’extrait de la déclaration faite par les portes paroles du Front d’actions des syndicats de l’éducation, Maxime Okoundé et Albert Akinotcho. Qu’en est-il du calvaire des apprenants, notamment en ce qui concerne le manque notoire d’enseignants, de mobiliers et de salles de classe ? Nul besoin d’aller le Bénin profond pour se rendre à l’évidence, que sous nos cieux, reprendre le chemin des classes pour certains enfants, la grande masse d’ailleurs, c’est s’armer pour une traversée du désert. A Cotonou, la ville vitrine du pays et environ, le désastre crève l’œil. Les Collèges d’Enseignement général (Ceg) de Godomey, d’Akassato, de Cocotomey, pour ne citer que ceux-là, ploient sous le poids des effectifs. Parents et chefs d’établissements sont presque à couteaux tirés, les premiers à la recherche d’une place pour inscrire un enfant, les second ne sachant plus comment contenir l’effectif déjà pléthorique. Au Ceg 3 d’Abomey-Calavi, le problème de la disponibilité des salles se pose avec acuité. Au Collège public Le Nokoué, plus d’une soixantaine d’élèves s’agglutinent sous une paillote qui abrités des mobiliers en très mauvais état.
Au niveau des Ecoles primaires publiques (Epp), la situation est alarmante. Le directeur de l’Epp Adjagbo Domè, Boko Assogba Jean n’a pu contenir son exaspération. C’est presque au bord de larme qu’il a lancé, une fois de plus, un appel aux autorités en charge l’éducation, pour un regard bienveillant à l’endroit de ces âmes innocentes. Par classe, on dénombre environ 90 apprenants, et le pire dans les basses classes. A l’école primaire publique quartier Kpota, la situation n’est pas moins préoccupante. Près de 80 enfants s’entassent dans les classes, et pour insuffisance de mobiliers (tables et bancs), des écoliers s’asseyent à 3 voire 4 sur un même banc. Et le manque d’enseignants est devenu une constance dans ces écoles. Ils sont 2 parfois 4 à conduire les activités pédagogiques pour un groupe de six classes. Inutile d’évoquer les questions de qualifications si l’enseignant lui-même devient une denrée rare, autant que les d’infrastructures adéquat qui devraient soutenir et faciliter l’enseignement.
A l’intérieur du pays, dans les communes de Bohicon, Abomey, Dassa, Kétou, Parakou, Natitingou… l’école béninoise présente le même visage.
Le péché des apprenants, c’est leur soif du savoir, leur désire de vouloir jouir du droit à l’éducation consacré par la constitution béninoise du 11 décembre 1990. Pourtant, chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne dira Victor Hugo. Les établissements publics sont débordés. Aussi dure soit-elle, le régime du Nouveau départ doit faire face à cette réalité. Les apprenants souffrent le martyr. Si la réforme de la cantine scolaire est à saluer, il faut bien plus pour restaurer l’image des établissements d’enseignement publics au Bénin.
20-09-2017, Arnaud DOUMANHOUN