Le dossier relatif à l’annulation de l’accord de prêt, volet Mudaraba du Programme intégré d’appui à la microfinance (Piamf-II) par la Bid, remet sur tapis la question de l’intégrité des cadres et prouve à suffisance l’ascendance prise par le phénomène de la corruption au Bénin. Le mal a atteint des proportions inimaginables, préjudiciables à l’intérêt général. En réponse aux suspicions, intoxications et rumeurs infondées où insensées, le gouvernement a apporté hier de la lumière dans ce dossier qui révèle une fois de plus, l’insouciance de certains cadres de l’administration, qui n’ont cure d’une gestion orthodoxe du bien commun. « Il est apparu que des manœuvres de substitution de pages ont eu lieu sur le document validé et signé par les autorités béninoises. Ainsi, lors de la transmission des protocoles, des agents de la Caa y ont introduit des dispositions portant sur le paiement d’intérêts intercalaires et moratoires en plus des charges administratives. Ces intérêts frauduleusement insérés dans les documents, donnent lieu à des primes aux agents concernés, sur la base de l’arrêté n° 1684/MFE/DC/CAA/SP du 31 décembre 2004 relatif à la répartition des pénalités recouvrées par la Caisse, au titre des prêts rétrocédés ». Telle est quintessence du point du Conseil des ministres relatif à ce dossier.
Il apparaît donc clairement que c’est pour des raisons de primes, que ces agents ont mis en cause la signature de l’Etat. La conscience professionnelle et au-delà, le sens du patriotisme ont-ils déserté le forum à ce point ? La réforme relative à la suppression des primes par le régime du Nouveau départ prend tout son sens. D’ores et déjà, le ministre de l’économie et des finances a abrogé l’arrêté du 31 décembre 2004, relevé de leurs fonctions les agents mis en cause puis engagé les procédures disciplinaires appropriées, sans préjudice des poursuites judiciaires. C’est de bon droit. Ce n’est que justice faite pour ces milliers de Béninois qui attendent de bénéficier de la mise en œuvre du volet Mudaraba du Programme intégré d’appui à la microfinance, pour lequel le Bénin a été éligible le 31 mai 2017 pour un prêt de 27,5 milliards Fcfa par la Bid et qui lui a été notifié le 08 juin 2017.
D’ailleurs, l’on devrait mettre un point d’honneur à l’exécution totale et sans faille des sanctions infligées à ces brebis galeuses de l’administration publique, qui se font du beurre à temps et à contre-temps sur le dos du contribuable. Heureusement, qu’au dire du garde des sceaux, Joseph Djogbénou, le Conseil a instruit les ministres concernés à l’effet d’introduire une nouvelle requête de financement du Programme intégré d’appui à la microfinance auprès de la Bid. L’espoir renaît et Patrice Talon devra poursuivre l’œuvre de salubrité entamée depuis l’avènement du régime, et débarrasser l’administration de ces personnes de moralité douteuse.
8-02-2018, Arnaud DOUMANHOUN