Sous la coordination de l’Ong Groupe de recherche et d’action pour le bien-être au Bénin (Grabe), la Maison de la société civile à Cotonou a abrité, vendredi 30 mars dernier, un mini-atelier multi-facteurs d’information et de sensibilisation des autorités locales sur la problématique des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire. Plusieurs acteurs et invités étrangers y ont pris part.
Un mini-atelier d’échanges Sud-Sud s’est déroulé, vendredi 30 mars dernier à Cotonou, sur la promotion des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (Apacs). Pour Isidore Agbokou, représentant du coordonnateur résident des activités opérationnelles du Système des Nations Unies au Bénin-représentant résident du Pnud, le projet “Intégration des forêts sacrées dans le système des aires protégées du Bénin” (Pifsap), cofinancé par le Fonds pour l’environnement mondial (Fem), le Pnud et les communes bénéficiaires a offert l’occasion de faciliter l’intégration des forêts sacrées dans le système des aires protégées et de soutenir les activités de gestion et de préservation des vestiges de ces forêts.
« Plusieurs facteurs exposent les forêts sacrées à des phénomènes de dégradation et il importe de les préserver en raison de leur biodiversité spécifique et de leur importance ethnoculturelle et religieuse », admet Isidore Agbokou. Les résultats atteints par le Pifsap méritent d’être renforcés, selon lui, et l’appui du Programme “Soutien stratégique aux aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire ” est réconfortant. « Je suis d’autant plus heureux que cet appui va au-delà des forêts sacrées pour s’étendre à toutes les aires végétales ou d’eau gouvernées par les peuples autochtones ou les communautés locales », se réjouit-il.
La dynamique de promotion des Apacs est à encourager, poursuit Isidore Agbokou, pour la survie des peuples étroitement liés aux moyens de subsistance dont ils se servent, grâce à leurs connaissances pratiques, savoirs et savoir-faire endogènes.
Le rôle considérable des initiatives de la société civile locale dans la conservation des écosystèmes est de plus en plus reconnu. « L’importance de l’action communautaire pour la biodiversité, les écosystèmes et les moyens de subsistance durables se reflètent dans les objectifs d’Aichi 2020 relatifs à la Convention sur la diversité biologique », relève-t-il.
Forêts sacralisées pour la vie
Apollinaire Oussoulio, président de l’ong Grabe, souligne qu’autour des peuples autochtones subsistent certaines réalités qui ne sont pas enseignées dans les universités ; il importe, selon lui, « de travailler à leurs côtés pour sauvegarder ces savoirs endogènes qui nous élèvent en tant qu’Africains ou humains ».
Pour le président de l’Ong Grabe, l’objectif est de comprendre qu’au Bénin, il y a une association des peuples indigènes et autochtones qui conserve leurs territoires. « Nous devons être ouverts aux autres mais garder notre culture qui est authentique afin de conserver les territoires et connaissances des peuples autochtones au profit des générations montantes », estime-t-il.
La plupart des grandes forêts qui existent sont celles qui ont été sacralisées, même si de nos jours, cela est quelque peu galvaudé, fait remarquer Apollinaire Oussoulio. Ce que consent Simon Mitambo d’African Biodiversity Network. « Notre mandat tourne autour de la protection de la biodiversité culturelle. Dans le processus de protection, il y a que les savoirs locaux et endogènes contribuent fortement à cette protection actuellement en cours où il est question de conservation de savoirs », affirme-t-il. Les populations endogènes sont des personnes très importantes, selon lui, pour avoir vécu en intimité depuis des temps immémoriaux avec la biodiversité. Avec les sociétés modernes par contre, « Nous constatons une déconnextion avec notre culture, les éléments qui nous identifient », développe-t-il.
Les populations, poursuit-il, sont toujours porteuses de ce savoir qui est indispensable à la protection de la biodiversité. Les sites sacrés dont les forêts sacrées constituent des points nodaux de conservation des écosystèmes.
Simon Mitambo a salué le réseau africain qui se bat afin que la Commission de l’Union africaine veille à la prise d’une résolution pour la protection de la biodiversité ; une résolution qui appelle les gouvernements africains à protéger les sites naturels ainsi que les porteurs ou détenteurs de savoirs endogènes.