Le Bénin manquerait de compétences capables d’améliorer la compétitivité du Port autonome de Cotonou (Pac) selon le Chef de l’Etat. Il l’a même souligné dimanche dernier sur TV5 Afrique et Radio France internationale (Rfi). C’est une lecture partiale de la réalité puisque Patrice Talon n’a jamais pu évaluer véritablement la capacité des Béninois dans le domaine des Ports.
Patrice Talon ne regrette pas d’avoir confié la gestion du Pac au Port d’Anvers. Pour lui, c’est l’une des meilleures mesures pouvant donner une nouvelle vie au poumon de l’économie nationale. Très sûr de sa lecture, le Chef de l’Etat a signé un contrat de gré à gré avec le partenaire belge présenté comme l’un des meilleurs en Europe. Or, il y a quelques années, le Port d’Anvers était considéré comme l’une des portes d’entrée de la drogue sur le vieux continent. Malgré cette évidence, les Belges contrôleront donc Cotonou durant plusieurs années. Ce sont eux qui devront sauver le Bénin selon le numéro 1 béninois qui n’a pas daigné organiser la compétition chez lui afin d’identifier des individus ou encore des sociétés ayant des qualités certaines. Le président Talon a ainsi royalement ignoré les nombreuses compétences qu’on peut sans doute compter dans le rang de ses partisans. Ses parents et amis ont été écartés. Le Chef de l’Etat n’a pas non plus jugé opportun de consulter les autres Béninois présents sur le territoire national ou faisant partie de la diaspora. La Rupture veut donc faire croire qu’il n’y a de profils béninois ou plus encore africains pouvant conduire une vraie révolution au Pac. C’est le choix unilatéral du Chef de l’Etat. Il ne faut se leurrer. Et ce choix n’a pas d’autre nom : le mépris. On a en effet comme impression que le régime nourrit un vrai dégoût pour les cadres béninois. Sur Tv5 Afrique et Rfi en tout cas, les cadres béninois ont été ridiculisés voire humiliés. Et ce n’est pas la première fois qu’on observe une telle scène au sommet de l’Etat. Au début de son mandat, l’ancien homme d’affaires Patrice Talon avait de retour d’une visite en France lancé : «Le Bénin est comme un désert de compétences». Une saillie qui a déclenché une levée de boucliers dans le rang des travailleurs. Une fois encore, l’intelligentsia béninoise est malmenée. Et les cadres béninois doivent pouvoir laver cet affront.
Mike MAHOUNA