Pourront-ils aller jusqu’au bout et s’en tirer à bon compte ? En décidant de se débarrasser de Léhady Soglo, président, jusque-là, légitime de la Renaissance du Bénin, les initiateurs des assises d’Abomey se sont engagés sur un chemin périlleux qui risque de prendre assez de temps et d’énergie avec au bout du rouleau, une victoire incertaine.
Le but ultime des assises d’Abomey est sans doute parvenir à arracher le parti la Renaissance du Bénin aux Soglo. Car, en décidant d’écarter le fils, les frondeurs doivent savoir que ni la présidente fondatrice Rosine Soglo, ni le président d’honneur Nicéphore Soglo ne vont se laisser faire. L’histoire étant têtue, on a connu par le passé cette tentative d’arracher aux Soglo les attributs de la Renaissance du Bénin et cela s’est soldé par un échec patent. C’était en 2002 quand Nathaniel Bah, Guy Adjanohoun, Lambert Avoungnansou et consorts ont voulu arracher le logo de la Rb. Il s’en est suivi un conflit politico-juridique qui a été tranché par la Cour suprême qui a retourné la paternité du logo à l’aile Rosine Soglo dont Abraham Zinzindohoué était le conseil. C’est dire, que le fait de suspendre Léhady en se conformant seulement aux dispositions statutaires, et sans se référer à l’histoire et à la vie du parti, ne saurait prospérer. Car, la Rb, s’il faille établir une équation, est égale au couple Rosine et Nicéphore Soglo. Même la justice reconnait qu’on ne peut dissocier le parti du patronyme Soglo.
Nicéphore Soglo déclare une guerre totale aux « putschistes »
Il est prêt à déployer l’artillerie lourde. Nicéphore Soglo est très fâché. Le comportement de «quelques parents» qu’il a aidés à faire élire, et qui, aujourd’hui, se rebellent contre lui, n’est pas du tout de son goût. Décider ‘’à la volée’’ de la destitution de son fils de la tête de la Rb semble pour lui un parjure. «On ne peut décider de quelque chose aussi important sans s’en référer aux anciens…», a-t-il laissé entendre hier, lundi 22 mai 2017, au micro de la radio Océan Fm. Cette attitude des frondeurs, fustige l’ancien président maire, est «un manque total de respect, un manque total de considération… C’est une honte». «Moi, j’ai failli laisser ma vie pour la Renaissance du Bénin. Mon épouse a perdu la vue… Et des individus que nous avons accueillis parmi nous se lèvent un jour et prétendent en notre absence nous convoquer…Personne!», lâche-t-il. «Tant que je reste en vie, personne ne peut prendre la Renaissance du Bénin. Ça, je jure devant Dieu, les hommes, devant les mânes de nos ancêtres», a clamé l’ancien président de la République. Sa réaction, à tout le moins, se veut manifestement à la hauteur de ‘’l’impertinence’’ des « putschistes . La voix était grave. «Tous les larcins de la françafrique qui travaillent dans l’ombre n’auront aucune chance…c’est moi qui ai donné le nom Renaissance au parti», a martelé le leader charismatique des Houézèhouè. Et la menace est cuisante. «Ça, ils auront de mes nouvelles, ils me connaissent mal», fait-il remarquer.
La main invisible
L’hypothèse d’une main invisible qui serait à l’œuvre afin de s’offrir la Rb avec ou sans Léhady Soglo est de plus en plus plausible. Elle a été évoquée par le président Nicéphore Soglo qui trouve curieux que les initiateurs des assises d’Abomey aient choisi ce moment précis où le couple Soglo est en voyage et où le président Léhady Soglo est préoccupé par la signature de la convention cadre Etat-communes pour mettre leur plan à exécution. Mais avant Nicéphore Soglo, le président Léhady, lors de la présidentielle de 2016, avait affirmé que la Rb n’est pas à vendre. Tout ceci, ajouté au compte rendu des assises d’Abomey qui accuse le président d’être en partie seul comptable du choix du candidat Lionel Zinsou, laisse penser qu’il y a derrière cette fronde un main invisible qui, à défaut ‘’d’acheter la Rb’’, veut arracher le parti aux Soglo. Les 20 signataires de la rencontre d’Abomey, seraient en réalité en mission ? On le saura bien assez tôt.
Orou Boro