COUPE DU MONDE – Inconnu du grand public, Benjamin Pavard s’est pourtant installé comme un incontournable et pourrait bien débuter face à l’Australie. Un trajectoire hors-norme pour ce Monsieur tout le monde.
C’est l’histoire d’un mec normal. D’un jeune homme de 22 ans qui s’attendait sans doute à tout sauf à ça quand, à l’été 2016, il a choisi de quitter Lille pour rejoindre la deuxième division allemande et Stuttgart. Quelques mois plus tôt, en février 2016 à Montpellier, Frédéric Antonetti, après l’avoir lancé à la 30e minute, le sortait du terrain à l’heure de jeu avant de le descendre en conférence de presse : “Dans le monde du foot, même jeune et avec du talent, il faut être responsable.” Moins de deux ans plus tard, le voilà à deux doigts de débuter la Coupe du monde dans la peau de titulaire. La trajectoire de Benjamin Pavard n’est pas commune. Elle souligne l’ascension fulgurante d’un petit gars inconnu du Nord devenu grand en Allemagne pour s’installer chez les Bleus.
“Il y a un an, personne ne me connaissait“, nous a-t-il rappelé. “Aujourd’hui encore, je ne suis pas sûr qu’on me reconnaisse.” Pavard est arrivé en équipe de France en novembre dernier et sur la pointe des pieds. Quand tous ses coéquipiers portent les plus prestigieux maillots d’Europe (Juventus Turin, FC Barcelone, Bayern Munich, Real Madrid, Chelsea, PSG etc.), lui ferraille chez le 7e du championnat allemand, le VfB Stuttgart, très loin de la Ligue des champions. S’imaginait-il si vite rejoindre la crème de la crème, les 23 de Didier Deschamps ?
La stratégie : se fixer à droite
“Non“, concède-t-il avec honnêteté. “Avec mon agent et mes parents, on s’est rassemblé en juillet dernier pour se fixer un objectif : je leur avais dit que je voulais être présélectionné dans les 30 pour la Coupe du monde.” Onze mois plus tard, il est dans les 23. Pavard est rapidement devenu une référence aux postes de défenseur droit et de défenseur central en Bundesliga. Mais sa notoriété ne décolle pas dans l’Hexagone : “Personne ne regarde la Bundesliga hormis les matches du Bayern et de Dortmund“, note son agent de toujours Joseph Mohan.
Pavard et son homme de confiance ont assez tôt décelé le manque de solution des Bleus au poste d’arrière droit. Alors il élabore “une stratégie” claire : “En début de saison, on s’est dit que ce serait bien de se fixer à droite chez les Bleus“, continue son agent. “Il n’y avait que Sidibé et Jallet devant Benjamin. Sylvain Ripoll, le coach des Espoirs, le place sur le côté et ça a joué en notre faveur.” Un choix payant. Son nom sort en novembre pour sa première convocation. Un changement de statut qui ne chamboule pas le gamin tranquille de Maubeuge.
Dans le métro parisien
Pour son premier rendez-vous à Clairefontaine, il choisit de prendre le métro pour se déplacer dans la capitale. Pavard n’a pas tous les codes du monde professionnel. Il est ce “petit gars normal” comme le connaissait René Girard qui l’a lancé dans le grand bain. L’argent, le succès en Allemagne, ou l’équipe de France n’ont rien changé. Pas question de pavaner et, dans un groupe très ouvert à l’image, il détonne. Pas de tatouage, pas de bruits sur les réseaux sociaux, pas de coiffure extravagante pour celui que Benjamin Mendy surnomme Jeff Tuche. Bien au contraire : “J’ai toujours été comme ça, je ne vais pas changer ma coupe de cheveux. Je reste comme je suis.“
Ce gars normal qui pourrait bien débuter dans le onze des Bleus à la Coupe du monde. Pavard a convaincu dès son premier match face au Pays de Galles le 10 novembre dernier. Le retour flamboyant de Mathieu Debuchy à Saint-Etienne n’y a rien changé. Ses six sélections, ponctuées d’un centre décisif pour Kylian Mbappé face aux Etats-Unis samedi dernier, n’ont fait que donner plus d’épaisseur à ses ambitions. Pavard ne devrait plus avoir une vie tranquille bien longtemps. Dès ce samedi, elle pourrait bien définitivement basculer.
Source : https://www.eurosport.fr/football/coupe-du-monde/2018/benjamin-pavard-aujourd-hui-encore-je-ne-suis-pas-sur-qu-on-me-reconnaisse_sto6806329/story.shtml