Dans la foulée de son arrivée au pouvoir, le Chef de l’État a pris certaines mesures visant à réduire le train de vie de l’État. Entre autres mesures, il a été créé une cellule des voyages officiels pour rompre avec la tradition de l’utilisation des agences de voyage par les différents services de l’État. Près d’un an après la mise en œuvre de la mesure, les premiers constats ne sont guère encourageants.
Cette mesure bien que salutaire au premier abord a mis à mal un sous-secteur économique, celui des voyagistes ou agences de voyage qui vivaient en majorité du marché des voyages des fonctionnaires publics dans le cadre des voyages officiels, participation aux séminaires, conférences, remises de trophées et missions. En outre, l’application de cette mesure a entraîné des effets parallèles que nous avons découverts au cours de notre enquête. L’Etat, en signant directement des contrats avec les compagnies aériennes, a privé les agences de voyage d’opportunités économiques, entraînant pour certains la fermeture de leurs portes et pour d’autre des licenciements économiques.
Mais le fait curieux de l’enquête, c’est la préférence affichée par la Cellule des voyages officiels pour la compagnie Air France. L’objectif de départ, il faut le rappeler, étant de réduire le coût, il eût fallu opter pour les compagnies offrant les coûts les plus avantageux sur la place. Et nul n’ignore que Cotonou accueille plusieurs compagnies desservant les destinations dans le monde entier, comme Royal Air Maroc, Brussels Airlines, Turkish Airlines, Ethiopian, RwandAir, South Africa Airways. Mais ce qu’on observe plutôt, c’est que la quasi-totalité des voyages est directement attribuée à Air France qui, profitant de cette manne gouvernementale, a engagé une hausse tarifaire de 25%. Ce qui constitue une double pénalité pour les béninois puisque les voyageurs sur Paris se retrouvant à payer plus cher, et l’argent du contribuable dépensé sans pitié. Selon les informations obtenues dans le secteur, la patronne de la cellule des voyages, ex-employée d’Air France, aurait une préférence pour son ancienne compagnie, qui bénéficie aussi de la fidélité de la première famille.
La politique menée dans ce secteur qui vise à engraisser une compagnie sur le dos du contribuable et du béninois fréquent voyageur, est à dénoncer pour que des mesures correctives y soient apportées rapidement. Il n’y a aucun lien de cause à effet entre l’effectivité des missions publiques et les voyages quasi exclusifs sur une compagnie donnée. Le plus important pour le Bénin est de se développer et non d’assouvir les goûts exquis des nouveaux maîtres du pays.
Worou BORO