Avec l’échec de la proposition d’amendement de la Constitution qui n’a pu réunir les 4/5èmes du vote au Parlement, on peut s’interroger sur le management de la dizaine de députés porteurs de la proposition avec à leur tête des figures de proue de la chose parlementaire comme Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, KolawoléIdji et Mathurin Nago.
Si le 4 avril 2017 le projet gouvernemental de révision de la Constitution n’a pas prospéré au Parlement à cause d’une minorité de blocage (22+1), quinze mois après l’on a changé de fusil d’épaule. Mais en dépit du fait que ce n’est plus du tout le texte de 2017 (cette fois-ci 4 grands points), les mêmes acteurs non plus (des députés et non l’Exécutif), la proposition a fait flop. Pour le citoyen lambda, que des anciens présidents de l’Assemblée nationale à l’instar de Bruno Amoussou, Kolawolé Idji, Mathurin Nago et Adrien Houngbédji (actuel président) avec leur longue expérience parlementaire, conduisent une telle plénière à enjeu, et qu’au finish elle accouche d’une minuscule souris, cela ne s’explique pas. Le comble, à écouter le professeur Nago sur une chaîne de télévision, l’objectif du chef de l’Etat, c’est d’adopter la proposition à la majorité requise des 4/5èmes ; ce qui épargnerait au pays le référendum. Il est donc clair que le gouvernement de Patrice Talon est solidaire de cette proposition d’amendement portant sur 4 points essentiels. Les dernières visites répétées du chef de l’Etat au domicile de Bruno Amoussou pourraient donc se justifier. En acceptant de coller son nom à l’initiative, c’est sans doute que Patrice Talon avait foi qu’avec ces vieux briscards, le match serait vite plié. Erreur ! Pratiquement rien n’a évolué après le scénario de 2017. Le Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) initialement connu pour son effectif avoisinant la soixantaine de députés, n’aura visiblement enregistré que quelques trois nouvelles têtes à polémique. Sans quoi, le schéma de la nuit du 4 avril 2017 allait être réédité.
Et pourtant, selon des indiscrétions, des concertations, échanges et négociations ont eu lieu entre les porteurs et des députés de l’opposition,en prélude à la plénière proprement dite. Comment a-t-on managé pour que cet échec soit évité ? Au sein du Bmp, leur traitement est pourtant particulier au regard de leur rang. Et comment ?
Bruno Amoussou
D’abord les visites du chef de l’Etat à son domicile. C’est une marque de considération puisque cela ne court pas les rues. Mieux, avec le dernier remaniement ministériel et l’entrée de la ministre de la Famille, Bintou Adam Taro du Psd (aile Ebo et Amoussou) au gouvernement, plusieurs ont fait le lien.
Adrien Houngbédji
La proximité Talon-Houngbédji depuis 2016 que le Prd a déclaré son soutien aux actions de la Rupture n’est plus à démontrer. Pour nombre d’analystes, c’est d’ailleurs l’une des raisons qui fondent le vote de plusieurs lois par le Parlement sous Patrice Talon. Aussi, dans la conduite des affaires du pays, le Prd est au gouvernement avec deux portefeuille ministériels pas des moindres (Energie et commerce). Sans oublier les projets d’envergure au profit de Porto-Novo et de l’Ouémé en général, bastion du Parti arc-enciel.
Mathurin Nago
Le chef de l’Etat lui a fait confiance. Malgré son titre de député au Parlement, il a été nommé ‘’Facilitateur en chef pour la conduite de l’examen stratégique national faim zéro’’ en violation des textes selon le professeur de droit Victor Topanou. Et comme Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji, le professeur Nago dispose d’un pion sûr au gouvernement. Il s’agit du professeur Mahougnon Kakpo qui détient de portefeuille des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle.
La liste n’est pas exhaustive
Autant les trois premiers, d’autres comme Kolawolé Idji, Jean Michel Abimbola… bénéficient de l’attention du président de la République. Ce sont eux qui coiffent d’ailleurs le Bmp. Et pas plus tard deux semaines en arrière, le député Abimbola a été d’une délégation du Pouvoir qui est allée sensibiliser la diaspora de Paris sur les actions du gouvernement en matière de lutte contre la corruption.
Au regard de tout ce qui précède, il y a bien des raisons de se demander ce que Patrice Talon gagne en retour. Autrement dit, que pèsent ou quelle plus-value apportent Amoussou, Houngbédji, Idji, Nago et consorts à la Rupture si sur une proposition d’amendement très attendue du gouvernement, on n’a pu rallier le nombre de députés qu’il faut pour que le tour soit vite joué comme l’aurait souhaité le chef de l’Etat, selon les propos de Mathurin Nago dimanche sur Golfe Télévision ? A Patrice Talon le dernier mot.
Worou BORO