La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Marie Odile Attanasso, s’est prononcée sur les réformes dans le secteur au cours d’une interview accordée, ce lundi 16 juillet…

Enseignement supérieur Marie Odile Attanasso expose les réformes dans le secteur

Enseignement supérieur Marie Odile Attanasso expose les réformes dans le secteur

La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Marie Odile Attanasso, s’est prononcée sur les réformes dans le secteur au cours d’une interview accordée, ce lundi 16 juillet 2018, au quotidien La Nation.

Sur la crise qui a secoué le secteur de l’éducation notamment à l’université, Marie Odile Attanasso a confié qu’ « en réalité, il n’y avait pas vraiment une crise à l’université, si on rentre dans le fond. Ça a été une tendance nationale ». Pour elle, certaines revendications faites par les enseignants ne nécessitaient pas forcément un mouvement de grève car affirme-t-elle, « nous étions capables de les résoudre au niveau du ministère ».
S’agissant du nouveau mode de sélection des bénéficiaires des bourses, la ministre a relevé que c’est un dispositif qui existe depuis 2007. « Avant, la sélection des étudiants se faisait après le baccalauréat. Donc, une sélection est faite à partir du guide d’orientation et de la pondération de la note du Bac et de certaines pondérations selon la filière. À notre arrivée, nous avons constaté que tout le monde n’était pas informé. Nous avons une proportion de moins de 10 % des étudiants qui participait à la sélection après le Bac. Par rapport à cela, nous avons changé. Désormais, les dossiers sont déposés avant d’aller au Bac. Ce qui nous permet de couvrir tous les étudiants qui sont passés au Bac », a-t-elle expliqué. Les étudiants choisissent 03 filières et en fonction de leurs notes, ces derniers sont classés boursiers, demi-boursiers, ou ils sont orientés vers d’autres filières compte tenu du Bac qu’ils ont eu.
Selon les nouvelles réformes, il ne suffit plus d’avoir 11, 51 de moyenne pour obtenir la bourse, tout est fait dorénavant suivant le système Licence-Master-Doctorat (LMD). A ce sujet la ministre Attanasso a précisé qu’« Avant, vous entrez en première année sans bourse et quand vous avez 11,51 de moyenne, vous pouvez avoir la bourse. Maintenant, nous sommes dans le système LMD. Vous entrez en première année du système LMD, vous êtes dans un cycle de trois ans. On ne calcule plus les moyennes. Vous éliminez les unités d’enseignement (UE) par semestre ». Ainsi, le changement du mode d’évaluation dans les universités du pays a permis d’arrimer le décret de bourse sur le nouveau mode d’apprentissage retenu par l’Etat béninois. « Nous avons donné la bourse aux étudiants selon le cycle Licence, Master et Doctorat. Dans tous les pays du monde, cela se passe ainsi », a-t-elle souligné.
Par rapport aux motivations qui soutiennent l’installation envisagée des Conseils d’administration après l’élection des recteurs des universités publiques, Marie Odile Attanasso a déclaré que le gouvernement n’arrive pas à maîtriser ce qui se passe au sein des universités, notamment les fonds dont elles disposent et le nombre d’étudiants. Ce Conseil d’administration clarifie-t-elle sera composé de tous les acteurs de la vie socioéconomique ; des universitaires, des représentants du secteur privé et des gens qui sont spécialisés des questions de formation.
A propos du recrutement de 100 doctorants dans les universités, la ministre confie que le gouvernement est à la phase de nettoyage. « Nous allons envoyer tous les dossiers au ministère du Travail et voir s’il n’y a pas des gens qui sont agents permanents ou agents contractuels de l’Etat qui ont déposé des dossiers ».
Dans le but de dynamiser le secteur de la recherche, l’Etat béninois a initié dans ses actions, la création de l’Agence nationale pour la recherche et l’innovation avec deux pôles. Le pôle Mutualisation de la recherche avec tous les instituts et le pôle Moyens qui va comporter la mobilisation et tout ce qui est administration et gestion. Cette agence « va mettre tout le monde ensemble et faire de la recherche au service du développement, pour que la recherche ne serve plus uniquement les enseignants que nous sommes », a mentionné la ministre.
Le Centre béninois de la recherche scientifique et de l’innovation (Cbrsi), poursuit-elle, va se retrouver à travers les différents instituts. Déjà, à l’étape de la rédaction de l’Aof (attributions, organisation et fonctionnement), le gouvernement passera aux options puis à la mise en œuvre de cette agence.
Marie Odile Attanasso déplore le fait qu’aussi bien dans le secteur privé et public, les formations ne donnent pas beaucoup d’employabilité aux jeunes. « Au niveau de l’enseignement privé, les établissements qui sont créés mettent beaucoup plus l’accent sur les secteurs tertiaire, où les gens rentrent et ne sont pas vraiment bien formés. Et, c’est parce que nous avions fait ce constat que nous avons opté pour les examens », a-t-elle soutenu.

Formation en adéquation avec les besoins du marché et de l’économie

Des réflexions sont en cours pour insérer des filières de formation qui sont en adéquation avec les besoins du marché et de l’économie. « Nous allons peut-être fermer certaines filières ou l’État va se désengager totalement de certaines filières pour laisser cela aux privés s’ils le veulent. Parce qu’un pays doit faire des choix qui lui permettent de se développer », a clarifié la ministre.
Aussi, des instituts universitaires d’enseignement professionnel (Iuep), seront créés pour faire des corps de métiers. Il s’agit des métiers de l’agriculture, des exploitants agricoles, du bâtiment, des spécialistes en maçonnerie, en carrelage, plombier. Ce sera des Bac+2 qui vont être formés à l’employabilité, ce qui permet d’avoir des gens, totalement opérationnels, après les deux ans.
Par ailleurs, l’Etat mène des réflexions pour que certaines formations régaliennes assurées par des privés retournent dans le giron de l’État, au niveau de certaines écoles publiques. « Il est quand même normal que l’État ait des secteurs dans lesquels les privés ne peuvent pas intervenir », soulève-t-elle.
Le but de toutes ses réformes est de voir dans quelques années le Bénin cité dans le Top 100 en Afrique.
Pour la ministre, les choses seront faites selon les normes en vigueur dans le domaine car : « On rentre à l’enseignement supérieur que quand on a le doctorat et plus, pas pour des gens qui rentrent juste après la maîtrise parce qu’on a des besoins. Nous allons recruter assez de docteurs. Tout cela participe des critères d’appréciations des universités ». Concerne les innovations en cours, elle a mentionné que l’Etat est en phase de sélection de dossiers pour les diverses études pour la construction des infrastructures. « Dans trois ans, je pense que nous allons étonner le monde. Vous aurez le temps de constater. Je peux vous dire que la Faseg sera construite pour la rentrée 2019-2020. (..). Nous allons construire aussi des résidences universitaires », a ajouté la ministre de l’enseignement supérieur.
L’Etat informe-t-elle va se retirer et donner la chance au secteur privé de s’occuper des œuvres sociales, c’est-à-dire l’hébergement, le transport, la restauration, et les centres de santé universitaires. « On ne peut pas continuer de nourrir les étudiants comme ils sont nourris aujourd’hui, au nom de l’État qui doit tout faire », a affirmé Marie Odile Attanasso .
Toutefois, l’Etat ne sort pas totalement du dispositif. « L’Etat va encadrer aussi bien la quantité que la qualité et le rapport qualité/prix. Il contribuera à apporter des appuis, même financiers s’il le faut, pour un peu ajuster les prix par rapport aux moyens des étudiants », a promis la ministre.
Akpédjé AYOSSO (Stag.)