Annoncé à grand renfort médiatique, en début de mandat, pour être disponible fin décembre 2016 au plus tard, le fichier national devant servir de base de données pour la nomination de cadres compétents aux hauts emplois de la chaîne des dépenses publiques, ne sera prêt qu’un an plus tard. Soit décembre 2017. Mais depuis lors, après les nombreux communiqués à manifestation d’intérêt de la ministre de la Fonction publique, et un test psychotechnique qui aurait été organisé au profit des candidats, plus rien quant à la suite. Et pourtant chaque mercredi, que de nominations en conseil des ministres aux postes concernés.
Si l’on doit s’en tenir aux dires du gouvernement, le poste de directeur général des structures étatiques n’est plus concerné par cette réforme, quand bien même un Dg, ordonnateur de budget, gère aussi les finances publiques. La preuve, la Rupture en a jeté plus d’un en prison suite à des audits commandités. Bref, selon Adidjatou Mathys, ministre de la Fonction publique, sept (7) postes sont visés par cette inscription au fichier national d’admission et de nomination aux emplois de la chaîne des dépenses publiques. Il s’agit de la direction de l’administration des finances, de la direction de l’informatique à la direction générale du budget, du poste de la Personne responsable des marchés publics, de la direction générale adjointe du budget, de la direction générale adjointe du Trésor et de la comptabilité publique, de la direction du contrôle à la direction nationale du contrôle des marchés publics et de la coordination des projets. Après l’enregistrement des candidatures sur le site www.fichiernational.gouv.bj, les centaines de postulants auraient été soumis à un test psychotechnique suivant le compte-rendu ci-après présenté par le comité technique du fichier national d’admission et de nomination des cadres aux emplois de la chaîne des dépenses publiques. Il ressort de son rapport que pour la première phase de sélection lancée et qui vise à pourvoir à sept postes, ils étaient 526 candidats au départ. Seuls 332 se sont présentés au test psychotechnique mais 179 n’ont pu tirer leur épingle du jeu. Après l’entretien, seulement 112 des 153 restants ont obtenu une moyenne supérieure à 60/100 et ont été déclarés admissibles. Il faut souligner qu’au test d’intégrité, 30 candidats ont échoué.
Mi-mars 2018, le conseil des ministres, prenant acte de ce rapport, a décidé que les candidats qui satisfont aux exigences, subissent des enquêtes de moralité, des renforcements de capacité et passent le contrôle de conformité, de régularité et d’authenticité des diplômes présentés. Entre cette date et ce jour, mardi 17 juillet 2018, l’eau a coulé sous le pont. Des conseils des ministres se sont succédé avec à la clé des nominations. À quand réellement les premiers cadres qui devraient être promus à la faveur de cette liste informatisée ? Le gouvernement, à travers ledit comité technique, traine -t-il exprès les pas pour voir le quinquennat s’achever sans la mise en exécution de cette réforme tant attendue ? Autrement dit, cette réforme serait-elle du pipeau ? Ou en est-on exactement après les tergiversations ?
En optant pour le fichier national, le gouvernement de la Rupture /du Nouveau départ entend rompre avec le système classique de nominations politiques et restaurer, sur la chaîne sensible des dépenses publiques, l’éthique et l’orthodoxie.
” Cette méthode de sélection permettra de mettre en compétition les divers postulants en vue de l’amélioration des performances de l’administration et l’effectivité de la reddition des comptes”, avait martelé Adidjatou Mathys, au cours d’un point de presse en décembre 2017. Le gouvernement de Patrice Talon ne doit donc pas perdre de vue cet engagement pris urbi et orbi.
Worou BORO