Dans la gestion du domaine des sports, toute mesure qui mène à la disqualification d’un pays est aussi inacceptable qu’un acte criminel. Et quoi qu’il advienne, dans le bilan sportif du régime Patrice Talon, il sera marqué noir sur blanc que le peuple béninois fut privé de son droit au football par la faute d’un ministre de la République. Oswald Homeky doit comprendre qu’on est responsable pour prévenir les problèmes pas pour faire les constats. Soit on est à la hauteur de la mission ou on ne l’est pas.
A l’université, notre professeur d’économie, avait l’habitude de nous dire que dans un pays pauvre, tel le nôtre, un département comme le ministère des Sports n’avait aucune raison d’exister. Cette affirmation sonnait dans nos oreilles comme l’option d’un économiste. Mais à la lecture de la crise qui affecte depuis longtemps le sport roi dans notre pays, il est plausible d’admettre que ce professeur avait raison.
Ayons l’honnêteté intellectuelle et le courage patriotique de le reconnaître et de le réciter : le Bénin, notre pays, est au bord du précipice. Ce pays à l’histoire millénaire vogue aujourd’hui dans une crise généralisée, une crise économique et financière sans précédent engendrée par une mal gouvernance endémique, un front social qui couve, et une forte demande sociale sans la moindre piste d’offre. La situation d’ensemble du pays donne tout simplement le tournis. Sans ambages, nous pouvons dire que le Bénin est aujourd’hui une pétaudière. Chacun fait ce qu’il veut. Le Bénin à vau-l’eau.
Face à un tel tableau sombre, le football restait jusque-là le seul opium pour doper un peuple abandonné à son sort. Pendant que tout le monde pense que la crise est désormais derrière nous, avec l’élection du nouveau comité de la Fbf, dirigé par Mathurin de Chacus, coup de tonnerre. Alors qu’ils sont à Niamey pour jouer le tournoi Ufoa B, qualificatif pour la Can U-17, les écureuils cadets ont été priés de rentrer chez eux. Selon la Confédération africaine de football, le Bénin a triché sur l’âge des joueurs. C’est lors du test de l’IRM que le pot aux roses a été découvert.
Comme vous pouvez le voir, c’est la culture de la tricherie et de la magouille qui ont toujours caractérisées le monde du football béninois qui se révèle ainsi au grand jour. Mais, au-delà de tout, c’est l’image d’un ministre béninois qui est vue par l’opinion et qui est ternie, à jamais. C’est en revanche et en vengeance à toute cette humiliation que Oswald Homeky s’est empressé pour se défendre.
C’est trop facile de crier au scandale alors que le mal est fait. Qui délivre les licences ? Mais c’est le président Patrice Talon lui-même qui semble être le fossoyeur de la tombe de son propre régime en continuant à maintenir sa confiance en un ministre qui n’est pas du tout à la hauteur de la mission à lui confié. L’homme a beau être un soutien politique de taille de Patrice Talon, il doit s’en débarrasser au plus tôt.
Certes, un ministre de la République ne peut pas tout faire. Mais il est aussi du devoir d’un ministre de la République de gérer certaines situations avec intelligence, étant donné qu’un membre de Gouvernement n’est autre qu’un fusible pour le pouvoir. Surtout lorsqu’il s’agit d’un ministre des Sports, chargé uniquement de mettre en œuvre la politique de la promotion sportive et de l’éducation physique d’un Etat. Il suffit de voir l’ordre de préséance attribué au département des Sports dans l’architecture des gouvernements successifs, pour en déduire son poids réel dans les perspectives de développement du pays.
En attendant son limogeage, il faudra à Oswald Homeky des argumentations solides pour convaincre tous ces béninois déçus. D’accepter de descendre de son piédestal, d’offrir à la justice tous les dossiers de la Fbf, jugés à son niveau comme malversations ou détournements. Mais surtout de laisser sa casquette de ministre, pour prendre sa distance avec n’importe quelle partie en conflit sur le paysage du football béninois et d’éviter à notre pays une nouvelle honte.
Par Gilbert MAKOU