Les Législatives de 2019 bousculent les lignes dans les états majors des partis politiques. Alors qu’on est à 7 mois environ de l’échéance, çabouge dans tous les sens comme si c’est demain la veille du dépôt des dossiers. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, la sérénité a quitté le camp de ceux qui donnaient l’impression de tout contrôler.
Le Chef de l’Etat et ses alliés du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp)ont-ils toujours le contrôle de la situation ? Quelques faits survenus ses derniers jours renseignent du contraire. Tout porte à croire que la peur a changé de camp et que Patrice Talon et ses soutiens craignent un retour de la manivelle s’agissant des conditions contraignantes contenues dans le nouveau Code électoral. Si au départ, l’objectif était de rendre périlleux voire impossible le chemin qui mène au Parlement à des personnalités politiques de l’opposition, il n’a pas fallu bien longtemps pour qu’ils se rendent compte du piège qui pourrait conduire Patrice Talon et son Bmp au suicide. Sans tapage médiatique, l’opposition s’organise pour franchir les obstacles ‘’malicieusement’’ glissés sur son chemin dans le nouveau Code électoral. Et la débandade gagne le camp de ceux qui croyaient avoir tout planifié. Tenez !
Il a fallu la sortie médiatique dimanche dernier sur une radio de la place d’un membre de l’Usldévoilant le plan de l’opposition d’avoir au plus deux blocs pour que du côté de la mouvance, on entend aussi parler de deux blocs au maxi. C’est à la suite d’une réunion qu’aurait tenue le Chef de l’Etat dans la soirée de ce même dimanche avec les députés Bmp que la décision a été prise. Alors qu’au début il était question de trois blocs, qu’est-ce qui peut justifier aujourd’hui le fait qu’on veuille se limiter à deux blocs ? Même si certaines personnes tentent de justifier l’idée par la volonté du Chef de l’Etat d’éviter les regroupements à caractère ethnocentrique, il est difficile de ne pas voir derrièrece revirement spectaculaire le souci de marquer l’opposition à la culotte. Ainsi donc, si l’opposition, qu’on croyait aplatir avant l’heure, affine ses stratégies pour aller au combat, tout n’est donc pas gagné d’avance pour la Rupture et ses alliés. La mouvance se rend-elle compte enfin de cette évidence ? Elle semble, en tout cas,avancerdésormais au rythme de l’opposition. Ce n’est donc plus Patrice Talon et son Bmp qui mènent la cadence. Et comme si un malheur n’arrivait jamais seul, l’actualité ses derniers jours est riche en éléments qui ont la particularité de troubler le sommeil du chantre du Nouveau départ. La réconciliation annoncée entre Boni Yayi et Candide Azannaï en est un. Patrice Talon ne l’a pas vu venir. Il a tout imaginé sauf la possibilité que ces deux « ennemis jurés » se remettent ensemble pour le combattre lui. Que va donner l’union d’un stratège politique comme Azannaïet d’un ancien président dont aucune élection n’a encore prouvé la baisse de cote de popularité ? Pire encore, le choix de revenir à deux blocs n’est pas sans créer d’autres tourments au Chef de l’Etat.
La vieille classe politique et les ouvriers de 25ème heure, l’autre casse-tête
Aller aux législatives avec seulement deux blocs comme l’opposition va occasionner à coup sûr des mécontentements. La vielle classe politique et les députés Fcbe traités d’ouvriers de 25ème heure sont ceux qui, le plus, feront les frais de ce choix. C’est un secret de Polichinelle que Patrice Talon caresse le rêve d’œuvrer au renouvellement de la classe politique. Le contexte de la réforme du système lui en donne l’occasion. Mais alors comment traiter le cas de ceux qui seront laissés sur le carreau ? Le risque qu’ils viennent grossir les rangs de l’opposition est grand. Surtout quand on sait qu’aussi bien la vieille classe politique et les députés Fcbe ont pris d’énorme risque pour lui dans le vote de lois taillées sur mesure, la levée d’immunités d’anciens ministres avec qui ils ont pourtant fait la pluie et le beau temps sous Yayi. La conséquence politique pour Talon sera immédiate même si au finish, les vrais perdants seront eux qui ont donné au Chef de l’Etat les armes pour les conduire au suicide. « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort », avait dit Thomas Sankara. Que dire de ceux qui se laissent conduire au suicide tout applaudissant ? Le moins qu’on puisse faire, c’est de les aider à bien nouer la corde.
M.M