L’essence frelatée communément appelée « kpayo» est devenue rare et chère dans la ville de Bohicon et environs depuis la semaine écoulée. Une situation qui freine l’activité des conducteurs de taxi-moto.
Les conducteurs de taxi-moto sont confrontés à la hausse du prix de l’essence «kpayo» depuis quelques jours. Le prix du «kpayo» est passé de 400f à 600f cfa le litre. Une situation qui ne les arrange pas.
« C’est difficile pour nous conducteurs de moto de mener notre activité. Nos clients refusent de payer les prix que nous leur fixons », confie Séverin Fanou, conducteur de taxi-moto. A son camarade Symphorien Amlantchan d’ajouter que l’essence connaît souvent une hausse de prix mais la situation actuelle leur semble pénible. De 350 F Cfa, le « kpayo » est passé à 400 F puis à 600F le litre malgré la morosité économique qui bat son plein. Pis, « les clients veulent que nous les prenions au prix habituel. Nous ne gagnons finalement rien», se plaint-il.
Dieudonné Ayinon, conducteur de taxi moto depuis près d’une décennie, souligne l’importance de l’essence pour son secteur d’activité. « La conduite de taxi-moto, c’est l’essence. Sans l’essence, l’engin ne démarre pas. Et c’est grâce aux revenus de l’essence utilisée pour la conduite de taxi-moto que nous arrivons à satisfaire nos besoins. Avec la cherté de l’essence, nous ne faisans plus de bénéfice», explique-t-il.
La situation est telle que certains conducteurs sont contraints de changer de stratégie en travaillant uniquement dans la soirée. « Avec la cherté du ‘‘kpayo’’, je n’ai que de perte ces derniers temps. J’ai choisi de mener une autre activité dans la journée pour ne conduire que les soirs. Car beaucoup sortent du service le soir et sont obligés de prendre zemidjan pour rentrer chez eux. Ils acceptent nos prix que certains trouvent exagérés dans la journée», souligne avec lassitude Séverin Fanou.
Pour bon nombre d’entre eux dont Symporien Amlantchan, la hausse du prix du «kpayo» est l’œuvre de revendeurs d’essence véreux qui ne visent qu’à gruger les consommateurs. Car, soutient-il, l’essence frelatée est à 350 F le litre au nord du pays. Cette façon d’apprécier la situation n’agrée point Sylvain Babalao, vice-président de l’Association des revendeurs des produits pétroliers (Aredep) de Bohicon. Ce dernier trouve que la cause est ailleurs et ne dépend pas de sa corporation.
« Nous sommes confrontés à la pénurie d’essence du Nigeria. C’est difficilement que nos grossistes nous livrent quelques tonneaux à des prix extraordinaires. Le tonneau est actuellement à 120 000 F voire 130 000 F au lieu de 73 000 F ou 80 000 F, les prix d’alors. Nous sommes obligés de vendre l’essence à 600 F. Ce qui ne nous arrange guère», note-t-il. Selon Fabrice Lamantchion, vendeur d’essence frelatée, il faut déposer de l’argent et faire la réservation avant de trouver de l’essence à vendre. « Avec la promesse des mini-stations mobiles par le gouvernement pour que nous menions notre activité dans le formel et que nous nous ravitaillions par voie légale, les choses pourront peut-être changer. Car nous ne suivons pas les grossistes pour savoir si le prix de l’essence a réellement augmenté au Nigeria »,conclut-il.
Et pourtant, bien que l’essence frelatée soit chère et difficile à trouver, l’essence à la pompe est à 575 Fcfa, soit une différence de 25 Fcfa. Mais les conducteurs de taxi-moto préfèrent prendre le «kpayo».
« Je n’achète pas d’essence à la station parce que j’estime à l’instar d’autres que la quantité servie à la pompe est bien inférieure à celle vendue dans la rue », signale Séverin Fanou.
Signalons qu’hier lundi, l’essence était toujours rare sur les étalages et là où elle est disponible, le litre est cédé à 600 Fcfa.