Ces derniers jours, la Commune de Parakou est en proie à des cas de suicide. Le dernier en date s’est produit le 17 septembre 2018 derrière le Coteb dans le quartier Camp-Adagbè. Un jeune homme, la trentaine environ, s’est donné la mort par pendaison. Mais qu’est-ce qui peut être à l’origine de cette attitude devenue fréquente à Parakou ? Dr Prosper Gandaho, Professeur titulaire de psychiatrie d’adulte et chef du service psychiatrie au Centre hospitalier universitaire départemental (Chud) du Borgou-Alibori a bien voulu partager ses expériences avec nos lecteurs à travers cet entretien qu’il nous a accordé.
Le Matinal : Que peut-on comprendre par suicide ?
Dr Prosper Gandaho : Le suicide, de façon terre à terre, est un acte délibéré de mettre fin à sa propre vie. Il est compris comme un résultant de problèmes psychologiques individuels par les sciences de la psychologie.
Quelles peuvent être les causes probables du suicide, selon vous ?
Plusieurs facteurs de stress tels que les problèmes financiers ou des problèmes dans les relations humaines pourraient expliquer cette situation. Il y a des cas de suicide qui sont la conséquence de maladies psychiatriques notamment l’Askizoflénie. Dans l’Askizoflénie, il y a quelque chose qu’on appelle raptus suicidaire, c’est-à-dire une poussée pulsionnelle de se donner la mort qui peut subvenir chez l’individu. Le gros lot des cas de suicide est dû à la dépression. Il y a plusieurs types de dépression. Dans le cas d’une dépression, l’individu à comme l’impression qu’il ne vaut plus rien. Pour lui, la vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Il ne sert à rien. Donc, il peut passer à l’acte pour mettre fin à sa vie. La majeure partie de ceux qui le font, c’est suite à des problèmes existentiels à savoir : déception surtout amoureuse, les grosses pertes d’argent, les pertes de promotion, les influences subies au boulot, tout ce qu’on peut appeler frustration. Tout cela peut amener l’individu à vouloir se donner la mort. Les cas enregistrés sont multiples et multiformes et parfois rapprochés à des pratiques occultes. Il y a les cas de honte, de l’humiliation. Il a été humilié ce qui fait qu’il n’a pu réagir par rapport à cette humiliation. Alors, il préfère mourir que de rester en vie. Il y a des gens qui prennent des produits toxiques perturbant ainsi le fonctionnement psychique ; ce qui peut les amener à adopter des conduites de ce genre. Le dernier cas que nous avons remarqué à l’issue de nos études, c’est culturel. Des individus arrivent à être récupérés et ils se disent qu’ils ont fait l’objet d’envoûtement. Donc, par les pratiques occultes, on peut également amener l’individu à se donner la mort. Nous poursuivons les études, mais nous n’avons pas encore eu toutes les explications.
Que faut-il faire pour éviter le suicide par conviction ?
Le Béninois vit en famille. Effectivement, tous les jours, vous rencontrez des gens qui peuvent vous demandez comment ça va ? Ne conservez pas sur vous. Il faut échanger, discuter. C’est très important. Que les parents ne frustrent pas les enfants. Qu’ils soient à l’écoute des enfants. Que le chef sache aussi que de temps en temps il doit se mettre dans la position de ses collaborateurs pour voir si sa conduite ne les frustre pas. Malheureusement, nous sommes en train d’évoluer vers une société dans laquelle l’individu n’arrive plus à communiquer. Il faut que les chefs religieux nous aident à contribuer à l’éradication de ce mal qui commence par décimer la société.
Propos recueillis par Zéphirin Toasségnitché
(Br Borgou-Alibori)