Lorsqu’elle a été lancée le 1er février 2018, l’opération de rachat de la dette intérieure du Bénin a suscité beaucoup de polémiques. Elle a été perçue comme une chimère, un vœu pieux que ne pourrait jamais réaliser le gouvernement de la rupture. Le ministre de l’économie et des finances Romuald Wadagni était alors monté au créneau pour expliquer que le Bénin, en deux ans de gestion, avait gagné un certain crédit auprès des institutions financières internationales et qu’il lui revenait de profiter des bienfaits de cette confiance retrouvée. Et bien, c’est chose faite maintenant. Le Bénin vient de lever 260 millions d’euros soit 171 milliards FCFA auprès d’une banque internationale pour réduire le poids du service de la dette afin de donner priorité aux dépenses sociales. L’opération portait sur 350 milliards, ardoise du régime défunt, auparavant négociée à un taux de 7 à 8% avec une maturité de 3 ans. Avec ce premier financement d’un investisseur privé, une bonne partie de cette dette intérieure est portée à 12 ans de maturité avec un taux d’intérêt de 3,5%, c’est-à-dire un taux d’intérêt réduit de moitié. Ceci a été possible grâce à l’accompagnement de la Banque mondiale qui a garanti à hauteur de 40% les 171 milliards FCFA. Ainsi donc, après l’obtention cette année de la notation financière B+ (Standart & Poor’s) l’argentier national Romuald Wadagni vient de réaliser un nouvel exploit, démontrant ainsi sa capacité à attirer au Bénin des investisseurs étrangers. C’est une opération inédite, jamais réalisée au Bénin voir sur le continent. Grâce à cette levée de fonds, le gouvernement peut améliorer son profil de dette et consacrer ses ressources au financement des dépenses sociales urgentes.
L’expertise béninoise doit faire des émules en Afrique
La réussite de cette transaction a stupéfait les institutions de Bretton Woods à tel enseigne que la Banque mondiale a demandé au Bénin de partager son expérience avec d’autres pays africains afin de les aider à alléger le poids de leur dette intérieure. Et déjà, des pays prennent contact avec le Bénin pour une restructuration de leur dette. Aucun Etat ne peut, par l’investissement privé, baisser les taux d’intérêt de sa dette tout en étendant dans le temps les délais de remboursement s’il ne bénéficie de la confiance absolue de la Banque mondiale et du Fmi. Si le Bénin est arrivé à le faire, c’est qu’il y a une bonne gestion des finances publiques. Le 1er bénéfice de cette rigueur dans la gestion est l’obtention de la note B+ que le Bénin n’a plus obtenu depuis 2011. La réussite de cette opération de réduction de la dette intérieure vient couronner les efforts du gouvernement en matière de gestion rigoureuse et efficiente des ressources publiques. Et tout ceci est à l’actif du jeune ministre des finances Romuald Wadagni.
M.M