L’injonction faite par le gouvernement aux praticiens de la santé exerçant dans le service public risque d’être lourd de conséquences. Forcés à choisir entre exercer en clientèle privée ou être fonctionnaires de l’Etat, ils sont nombreux à laisser libre cours à leur penchant pour le privé. Ainsi, 81 médecins spécialistes viennent de renoncer à leur titre de fonctionnaire. Du moins, selon l’arrêté portant autorisation de l’exercice en clientèle privée de la profession médicale, des gynécologues, obstétriciens, chirurgiens traumatologues, orthopédistes, généralistes, pédiatres, immunologues, hématologues et pathologues médicaux, ophtalmologues, dermatologues, vénérologues, rhumatologues, biologistes, cardiologues, anesthésistes réanimateurs, radiologues, neurologues et bien d’autres sont autorisés à exercer la profession de médecin spécialiste en clientèle privée dans le respect de la déontologie et des textes en vigueur. Mais : « au cas où il s’avèrerait que le bénéficiaire d’une autorisation conserverait des liens contractuels ou similaires avec une formation sanitaire publique, la présente autorisation s’annule automatiquement ». Avec une telle autorisation, les personnes concernées sont désormais exclus des formations sanitaires publiques.
Et c’est là tout l’enjeu, surtout quand on se réfère au nombre insuffisant de médecins spécialistes. Certes, ces départs ‘’volontaires’’ prouvent à suffisance que le diagnostic posé par le gouvernement et qui fait état de ce que ces fonctionnaires délaissaient le public au profit du privé est exact. Seulement, le vide laissé causera davantage de tort aux usagers des hôpitaux publics notamment les plus démunis. Il va alors falloir que l’Etat prenne dans les meilleurs délais des mesures palliatives. Mieux, il doit se pencher sur les réels problèmes qui ont facilité cette ruée vers le privé. Car, ce nombre impressionnant de démissionnaires devrait interpeller à plus d’un titre.
2-11-2018, Arnaud DOUMANHOUN