Les opérateurs de téléphonie mobile n’ont pas une bonne réputation au sein de la grande masse. Pour beaucoup de consommateurs, ils sont perçus comme des capitalistes véreux qui se soucient peu de la qualité des services offerts aux abonnés. Il n’est pas rare d’entendre souvent « ils nous grugent ». Le dernier rapport de l’Arcep sur la qualité des services des Gsm est d’ailleurs édifiant. Mais ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est le rançonnement dont sont victimes au quotidien les opérateurs Gsm de la part des gouvernants. Ce qui, en grande partie, est responsable de la qualité exécrable des services. Etant donné que pour s’en sortir, les Gsm sont obligés de faire des gymnastiques et le plus souvent au détriment des consommateurs. Exemple…
Depuis plus d’un mois, le gouvernement de la Rupture a bloqué les comptes de MTN. Cela est intervenu après qu’on ait demandé à la société de payer 150 milliards de redevances liées à l’utilisation des fréquences. Et comme les responsables tardaient à s’exécuter, les comptes de MTN qui compte plus de 4 millions d’abonnés ont été bloqués. Or, au lendemain de la dernière sortie de Sébastien Ajavon qui disait être le 1er contributeur au budget national, c’est le même gouvernement qui, chiffres à l’appui, a présenté MTN comme le 1er contributeur juste pour faire mal à Ajavon. Quelques jours seulement après, MTN fait objet de menaces et de rançonnement tous azimuts. Pour finir, on est allé bloquer les comptes de la société afin de l’obliger à passer à la caisse. Conséquence, les employés béninois au sein de la société sont en difficulté. De source bien introduite, on apprend que, pour la première fois, il est demandé aux agents de MTN de patienter quelques temps avant de voir leurs salaires payés.
Après avoir chassé le 1er contributeur béninois au budget national, voilà que la Rupture s’attaque maintenant au 1er contributeur étranger. Et tout ceci pour quelle finalité ?
Créer des difficultés aux opérateurs pour entrer sur le marché
La décision prise au dernier Conseil des ministres montre que la Rupture est dans une logique bien précise. Les nouveaux dirigeants veulent entrer sur le marché des télécoms. La privatisation de Libercom Sa et de Bénin Télécoms pourrait leur permettre d’entrer dans le capital de la nouvelle société. Et pour cela, il faut affaiblir considérablement les réseaux déjà existant MTN et MOOV. Déjà sur les réseaux sociaux, des gens, recrutés à cet effet, font la campagne « un Béninois, une simLibercom, MTN dehors ». L’annonce de la privatisation de ces réseaux de téléphonie mobile du service public n’est rien d’autre que l’aboutissement du chantage fait à MTN et MOOV. En clair, cela signifie que si vous ne voulez pas passer à la caisse, cédez donc le passage…
La piste du réseau voleur trouve donc son explication dans cet acharnement, ses rançonnements dont sont victimes les opérateurs GSM. Car, comment peuvent-ils récupérer tous ces milliards si ce n’est sur le dos du consommateur ? S’il n’y a aucun intérêt personnel derrière cet acharnement, comment un Etat peut-il délibérément choisir de tuer sa poule aux œufs d’or, une société que lui-même a qualifiée de 1er contributeur au budget national ? Mais MTN est une grosse entreprise, une grosse machine qu’on ne peut faire disparaître du jour au lendemain. Au lieu donc d’employer la manière forte, l’Etat devrait trouver la formule pour continuer les discussions sans pour autant bloquer les comptes de la société.
Les investisseurs étrangers sont actuellement en train d’être écoutés par la Banque mondiale dans le cadre de la note à donner au Bénin en ce qui concerne le climat des affaires. Vue la renommée du pays depuis l’avènement des hommes d’affaires au pouvoir, on se demande quelle place occupera cette fois-ci le Bénin dans le prochain classement Doing Business.
Worou BORO