Le Ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique Sacca Lafia le jeudi 14 février 2019 à Cotonou, au détour de sa sortie médiatique d’explication sur la cause du rejet des dossiers de déclaration d’existence de certains partis politiques, a expliqué qu’il n’est question pour lui de marcher sur les lois de la république, pour quelque intérêt politique que ce soit. Une déclaration qui pourtant contraste avec les faits quant à l’application des lois électorales par le ministère de l’Intérieur, surtout en ce qui concerne la conformité des partis politiques à la nouvelle Charte des partis politiques.
A quelques semaines des élections législatives du 28 avril prochain au Bénin, le ballet de décisions et déclarations officielles, de la part des différentes institutions impliquées dans ce processus électoral, continue. La dernière en date, c’est la conférence de presse de Sacca Lafia dont le ministère a en charge la responsabilité, de décider conformément à la nouvelle charte des partis politiques, de l’existence légale desdits partis. Fort de cette prérogative, ses services du ministère d l’Intérieur ont rejeté les dossiers de dix partis politiques, tous bords confondus. Il ressort des explications données par le ministre Sacca Lafia, que ce fait est la conséquence du non respect de la kyrielle de pièces à fournir, pour être un parti politique officiellement reconnu par le ministère de l’intérieur et de la sécurité publique. « Il ne sert à rien de voter une loi à Porto-Novo et de venir la violer à Cotonou », a justifié le Ministre pour montrer sa fermeté et rassurer les acteurs de divers camps qu’il veille à l’application des textes régissant le processus électoral. Par cette phrase, le patron des flics au Bénin semble apparaitre comme un légaliste et un déférent bon teint des différentes lois votées par le Parlement. Mais en réalité, certains actes de Sacca Lafia dans ce même processus, trahissent déjà ses propres propos.
Et pour cause…
Lorsque la Cour constitutionnelle, contre toute attente, sort une décision pour imposer un certificat de conformité aux partis politiques et que le ministère que dirige Sacca Lafia se plie et applique une telle décision qui n’a pas été prévu par le législateur, il y a lieu de se poser des questions. Quelle disposition du Code électoral ou de la Charte des partis politiques exige aux formations politiques une telle pièce ? En acceptant de fournir un certificat de conformité aux partis politique, le ministre ‘’légaliste’’ ne viole-t-il pas déjà à Cotonou les lois votées à Porto-Novo ? L’autre constat est qu’au cours de sa sortie médiatique, il a eu du plaisir, en lieu et place de la Haute juridiction ayant pris la décision, de défendre la décision en la trouvant comme étant une disposition transitoire devant permettre aux partis d’aller à ces élections. Un pur mélange, une contradiction entre la parole et l’acte. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que le ministre Lafia Sacca est juge et partie ?
J.G