Foi et politique, Boni Yayi mélange le temporel au spirituel
Sermon ou une déclaration politique ? la dernière publication de Boni Yayi reste un mystère. Au delà de l’homme politique, c’est un « pasteur » à son aise, qui a livré un pan de son premier prêche. Seul problème, il ne l’a pas fait dans une église, mais sur Facebook, à travers un texte, où la foi et la politique se mélangent.
« C’est une énième tentative de diversion et de manipulation de l’opinion, à l’heure ou la vitalité des institutions constitutionnelles a sauvé le Bénin d’une crise inédite, dans laquelle les partis de l’opposition voulaient l’enfoncer » a réagi un député du bloc républicain sur sa page Facebook, quelques heures après le message de l’ancien Chef d’Etat.
Il accuse Boni Yayi et une partie de l’opposition d’avoir fait flèche de tout bois, pour suspendre le processus électoral en cours au Bénin au mépris de la constitution.
L’ancien président de la république avait promis à sa descente du pouvoir en 2016, de prêcher la bonne nouvelle en devenant pasteur. Trois ans après ses promesses, l’ancien chef d’Etat s’est trouvé une nouvelle vocation : La politique.
Son éternelle brouille avec Patrice Talon, l’a obligé pendant de longs mois à saturer l’actualité politique à Cotonou. Même si ses prises de parole sont rares, il bouge beaucoup et a fini par afficher sa position par rapport à la gouvernance de son successeur. Boni Yayi est contre la politique Talon, et son dernier post sur Facebook, en est une énième illustration.
Selon lui, C’est « Notre Père Céleste qui s’est engagé à nous doter d’un Bénin nouveau marqué par son leadership à travers la qualité, la légitimité, la légalité, la crédibilité et l’indépendance de nos institutions fortes. Notamment un Parlement véritablement de contre pouvoir défendant l’intérêt général en vue de garantir l’équilibre des pouvoirs, source de Paix et de stabilité de notre chère Nation. »
Un dangereux glissement lexical de la politique à la religion et vice versa. L’ancien Chef d’Etat à une autre conception de la république et de l’Etat de droit et tend à mettre les institutions de la république au rang de ministère divin. Il va finir dans le message par revenir sur l’alliance d’Abraham avant de souhaiter que Dieu débarrasse le peuple de sa misère actuelle ; donc de Patrice Talon.
« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple ». disait Karl Marx. Tout porte à croire que l’ancien Chef d’Etat, dont le parti n’a pas rempli toutes les conditions pour participer à l’élection législative au Bénin, serait en train de se servir de la religion pour susciter l’indignation dans l’opinion, et arriver à ces fins ; faire partir Patrice Talon du pouvoir.
« Mais le politicien ne peut être un homme de Dieu. Boni Yayi au lieu de prendre la bible, est devenu un politicien, donc aujourd’hui, un homme guidé par ses intérêts. Son engagement est commandé par des principes laïcs, par la raison et l’analyse et non par la foi. » a fait savoir l’analyste politique Kpatènon Jonathan.
Il poursuit qu’en choisissant de prendre ce virage, Boni Yayi s’inscrit dans un mercantilisme de la foi. Mettre Dieu au service de la politique. Une bien malheureuse option pour quelqu’un qui a juré faire les prêches il y a tout juste trois ans.
Jacob Boton