De plus en plus, l’ancien président de la République, Yayi Boni, semble perdre son self control au point de méconnaître la Constitution qui lui a permis d’accéder à deux reprises à la magistrature suprême, dont en 2011 par un Ko déroutant et très contesté. Depuis le début du processus électoral ayant conduit aux législatives du dimanche 28 avril 2019, l’ancien président de la République s’est illustré par des sorties fracassantes contre le nouvel ordre établi par la réforme du système partisan induite par le Code électoral. une attitude qui a entraîné la disqualification de sa formation politique de la compétition électorale. Comme si cela ne suffisait pas, Yayi Boni, entouré pour la circonstance du président Nicéphore Soglo et certains leaders contestataires, n’a pas hésité à appeler les forces vives de la Nation à l’insurrection pour empêcher Talon de nommer les 83 députés de la future législature de l’Assemblée nationale. Des propos et agissements qui ne sont pas dignes d’un ancien chef d’Etat qui, de surcroit était chef de mission des observateurs de la Cedeao lors de la présidentielle récente au Sénégal. On s’en souvient, il conseillait les voies de recours légales aux Sénégalais qui ne se retrouveraient pas dans l’issue du scrutin présidentiel sanctionné par la victoire du président Macky Sall au 1er tour.
Quel contraste? Son récent discours en qualité d’observateur de la Cedeao au Sénégal tranche du coup avec ses appels incessants à troubler l’ordre public. Après avoir indiqué la voie pacifique à des mécontents de la présidentielle sénégalaise, l’ancien dirigeant béninois, sans scrupule et imbu de son orgueil fait l’apologie de la violence dans son pays natal. Ses déclarations et ses agissements qui s’enchaînent depuis quelque temps insinuent à l’affrontement. Avant, pendant et après les élections, Yayi Boni a étalé toutes ses intentions de mettre le pays à feu et à sang, un vieux rêve de l’homme révélé à l’opinion publique par Mme Rosine Soglo qui avait déclaré l’avoir entendu de sa propre bouche. En ce temps-là, le couple Soglo en désaccord total avec Yayi Boni alors chef de l’Etat, a prévenu le peuple du danger que le dirigeant représentant pour son peuple. Aujourd’hui, tous sont animés par la même idée de faire basculer le pays dans la violence. Leur plan était de tout faire pour empêcher la tenue du scrutin, mais ils ont échoué, puisque malgré tout, les béninois ont voté. Par endroits, des incidents ont été notés. A Parakou, Tchaourou, Savè, Bantè de violentes échauffourées ont été perpétrées dans des centres de vote, empêchant du coup le déroulement normal des opérations électorales. Une maison et des véhicules appartenant au candidat Adam Bagoudou, originaire de Tchaourou, une buvette dont la propriétaire est l’épouse du maire de cette même localité a été incendiée. Ailleurs, c’est un véhicule lourd de l’Armée qui est brûlé de même qu’un camion rempli de coton. Dans ces zones, des jeunes ont été montés contre les forces de l’ordre qui ont laissé faire pour éviter les affrontements, selon les consignes strictes du chef de l’Etat.
Que nous montrent ces images ?
Que les forces de l’ordre décident de ne pas réagir, c’est l’expression d’une attitude de paix. Le président Patrice Talon toujours préoccupé par la paix a laissé faire jusque-là. De lui et de son prédécesseur, qui aime la paix ? L’histoire a parfois le sens de l’humour. Les partisans de Yayi Boni critiquent aujourd’hui le régime Talon, mais ils oublient que c’est le chef de file qui a de tout de temps promis la violence au peuple, Rosine Soglo est en témoin, tout comme l’opinion publique lors du débat télévisé à la veille du 1er août ……. En son temps, Yayi Boni affirmait qu’il opposera les siens aux autres. Stupéfaction générale. Des déclarations fracassantes qui ont suscité le tollé général et provoqué des condamnations tous azimuts. L’ancien chef de l’Etat se trouve toujours aux prises avec un comportement digne de paix. C’est en fait un belliqueux qui se cache toujours derrière une apparence trompeuse de pasteur. Cet homme est dangereux pour le pays et vient une fois encore de le démontrer. On activisme monte en puissance et le but final est de semer du bordel dans le pays. Du fait que c’est à Parakou, Bantè, Savè, Tchaourou que des foyers de tension les plus chauds ont été enregistrés ne provient de la spontanéité des populations. Ces incidents sont bien circonscrits dans les fiefs de Yayi Boni, qui n’est rien d’autre que le commanditaire. C’est lui qui est à la base des incidents du 28 avril dans le centre et le nord du pays. Son plan est clair. N’ayant pas réussi à empêcher la tenue du scrutin, il faut qu’il soit émaillé de violence. Ce qui n’a pas fonctionné comme il l’aurait voulu. Enfermé dans sa logique de jusqu’au-boutiste, il persiste dans son plan machiavélique en lançant à nouveau un appel à troubler l’ordre public. Réunis hier, soit au lendemain du scrutin avec son compagnon de circonstance, Nicéphore Soglo et bien d’autres comme Candide Azannaï sous le couvert de l’opposition, Yayi Boni vient d’en rajouter à ses dérives : «« Patrice Talon veut contrôler le parlement au cœur de notre système démocratique, c’est inacceptable pour nous. Je le dis, j’ai pris toutes mes responsabilités et c »est très sérieux. Il y a eu un taux d’abstention de 96%. Cela veut dire que le peuple a refusé la dictature et exige le retour de notre démocratie, c’est fondamental pour nous. C’est une question de vie ou de mort. Tel que vous l’avez écouté dans la déclaration dès demain au plus tard, nous demandons au peuple de se défendre. C’est le peuple qui est souverain et détenteur du pouvoir. Levez-vous parce que l’heure est grave. Ce n’est pas au Bénin qu’on dira que le président après avoir mis la main sur toutes les institutions qui ne sont plus crédibles veille aujourd’hui procéder à la nomination des 83 députés. Au Bénin mon pays, le pays de Bio Guerra de Kaba de Béhanzin, c’est inacceptable, Talon marchera sur notre corps je vous le jure. C’est le peuple qui déterminera la conduite à tenir ». Ainsi s’exprimait-il au cours de cette sortie. Cette fois-ci, le ton est plus élevé et la détermination d’aller plus loin est perceptible sur son visage. Il semble être encore profondément loin de rebrousser chemin. Ses appels incessants à briser la tranquillité sociale du pays, pour passer à l’insurrection le compromettent dangereusement et chaque jour un peu plus. Yayi Boni s’empêtre ainsi dans la forfaiture sanctionnée par le code pénal. Déjà sous le coup de la loi après sa descente au marché Dantokpa pour inviter au boycott du scrutin, par là, la violation des textes de loi, il défie les Institutions de la République. L’ancien chef de l’Etat doit s’attendre alors à répondre de ses actes, car s’il persiste dans de tels agissements, aucun régime au monde fut-il le plus démocratique possible, ne peut le laisser agir librement. Avant que son discours ne trouve des échos, il va falloir que les institutions autorisées prennent leurs responsabilités, car il est question de préserver la paix et non de s’en prendre à un individu. Opposé au régime Talon, Yayi Boni a le droit de le critiquer, mais il ne lui est pas permis de conspirer contre le régime qui s’attèle à panser les plaies causées par ses dix ans de gouvernance jonchée de scandales, y compris des crimes de sang. Sa situation était déjà compliquée et cela risque de l’être s’il continue par avoir des comportements subversifs. Tout peut arriver et rien ne prouve pas que prochainement, les forces de l’ordre recevront les mêmes consignes de laisser- faire comme c’était le cas le 28 avril 2019.
Abdourhamane Touré