Mercredi 09 septembre 2015, le Bénin signait à Washington aux Etats-Unis le Second compact du Millennium Challenge Account d’une valeur de 400 millions de dollars Us. On se souvient encore de cette image du président Boni Yayi derrière son ministre des finances d’alors Komi Koutché posant sa signature sur le document. A côté du vice-président des USA Joe Biden, Boni Yayi était tout heureux d’avoir décroché ce second compact pour le Bénin alors qu’il était à un an de la fin de son mandat. Ce déplacement en personne de l’ancien chef d’Etat aux USA était beaucoup plus pour célébrer une victoire. En effet, le Second compact de Mca dont l’accord venait d’être signé n’était pas gagné d’avance. Il s’en est fallu de peu pour que le Bénin perde cet important financement, tant les critères pour l’obtenir étaient très exigeants. Et l’opposition d’alors a fait feu de tout bois pour essayer d’influencer la décision du Congrès américain. L’objectif visé était de faire perdre au Bénin ce financement, sous prétexte que le pays n’était plus un Etat démocratique où les droits de l’homme et les décisions de justice sont respectés. C’était au lendemain des affaires tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat. L’ancien ministre Moudjaïdou Soumanou et d’autres présumés coupables étaient gardés dans les liens de détention. Boni Yayi accusait son principal opposant, alors en exil, d’avoir recruté un député démocrate de la Floride, nommé Alan Grayson pour ternir l’image du Bénin aux fins d’empêcher l’octroi du second compact du Mca II. Dans sa lettre adressée au Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, Alan Grayson se plaint du Bénin qui retient, selon lui, arbitrairement, des innocents et surtout Moudjaïdou Soumanou et consorts, dans les fers, alors que deux décisions de justice les ont innocentés. Le député dénonce l’arbitraire qui règne en maître au Bénin, où seule la volonté du Président de la République surpasse les textes de loi de la République. Il va plus loin, et invite le Secrétaire d’Etat à tenir compte du respect des Droits de l‘Homme dans l’octroi du second compact du Mca. «Je pense, dit-il, que de tels cas d’emprisonnement, à l’image de celui que je porte à votre attention aujourd’hui, devraient être pris en considération avant d’accorder de nouveaux fonds, à l’avenir», pouvait-on lire dans la version française de la lettre envoyée par le député Alan Grayson au secrétaire d’Etat américain.
Après cette avalanche de critiques contre l’ancien président Nicéphore Soglo à la suite de sa déclaration relayée par Matin Libre, ces faits méritent d’être rappelés. Car, aujourd’hui plus qu’hier, ils sont encore d’actualité. Les atteintes aux droits de l’homme, à la démocratie, les emprisonnements de voix critiques, ceux qui sont contraints à l’exil, les intimidations…, sont des faits dénoncés chaque jour sous le régime de la Rupture et du Nouveau départ. Si Nicéphore Soglo s’en sert pour appeler à un isolement du Bénin sur le plan international avec toutes les conséquences que cela implique pour l’économie, c’est qu’il y a eu un précédent par le passé. Dans ce cas, l’ancien président n’aurait alors rien inventé. Il n’est pas plus antipatriote que ceux qui, sous Yayi, ont tenté d’empêcher le renouvellement du second compact du Millennium Challenge Account. Au pire des cas, il utiliserait la même arme que l’opposition d’hier, aujourd’hui au pouvoir, pour discréditer le régime actuel aux yeux du monde. Il y a un adage qui dit : « la chicotte qui a frappé la première épouse attend également la nouvelle ». C’est ainsi qu’il faut voir la démarche de l’ancien président à l’encontre d’un parlement issu d’élections non inclusives marquées par des violences et un fort taux d’abstention.
M.M