Climat politique toujours tendu au Bénin. Ça, tout le monde le sait et en parle. Après les législatives du 28 avril, caractérisées par l’exclusion de tous les partis politiques se réclamant de l’opposition, et la participation de seulement deux formations politiques soutiens du pouvoir en place, les lignes n’ont pas du tout bougé. L’opposition réunie sous le nom de ” Résistance ” continue de crier à un hold-up électoral et de dénoncer la remise en cause de presque 30 ans d’acquis démocratiques. De son côté, le Pouvoir ne démord pas non plus. Pas question de remettre en cause ce scrutin, fut-il exclusif, émaillé de violences et à faible taux de participation jamais enregistré. Les choses sont allées d’ailleurs très vite. Et le 16 mai, après donc la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle, et pendant que l’ancien chef de l’État, Yayi Boni est assignée à résidence, les députés qualifiés d’ ” illégitimes ” par l’opposition et une partie de la population, furent installés sous haute surveillance militaire à Porto-Novo. C’est dans ce contexte que le président de la République, Patrice Talon délivre un message à la Nation. Essentiellement, il tend la main aux ténors de l’opposition pour des échanges directs, francs, sincères. Aussi, lance-t-il un appel aux députés de la 8ème législature de revisiter les lois électorales crisogènes et de les corriger. Des offres qui n’ont nullement séduit les protagonistes. Leur réplique ne s’est pas fait attendre. Niet ! Pas question de discuter avec le chantre de la Rupture /Nouveau départ. Ces ténors de l’opposition disent ne plus avoir foi en la sincérité des propos de Patrice Talon. En lieu et place d’une main tendue, d’aucuns affirment voir plutôt un coup de poing. Comment le chef de la Mouvance qui reste l’une des deux parties en crise peut vouloir échanger avec l’autre partie sans s’en remettre plutôt à un médiateur ?, s’interrogent certains. Avant de s’asseoir avec Talon pour toute discussion que ce soit, il faut des préalables. À la faveur d’une émission radio, récemment, l’ancien député Saka Fiakara de l’opposition, en a posé trois. En dehors des alentours du domicile de Yayi Boni que les policiers doivent libérés, il faut annuler les élections législatives et reprendre le processus, laisser rentrer au bercail les exilés politiques puis libérer les détenus politiques et toutes les personnes arrêtées et mises sous mandats de dépôt suite aux soulèvements populaires des 1er et 2 mai à Cotonou. À y voir de près, aucun débat sérieux ne peut avoir lieu de sitôt dans cette atmosphère où les positions restent tranchées de part et d’autre. D’ailleurs, du côté de la Mouvance présidentielle, on semble même rejeter les services de médiation que le clergé catholique a proposés aux deux parties. Les communications sur ” la partialité du clergé catholique ” en disent long. Qui donc pour concilier, dans l’impartialité, les deux camps ? À qui profite l’état d’accalmie de façade dans le pays ? Arrange-t-il vraiment Patrice Talon et les 83 députés de sa chapelle, qui semblent foncer ? Si les deux parties continuaient de se regarder en chiens de faïence jusqu’en 2020 où ont lieu les élections locales, communales et municipales et 2021, année de la présidentielle conformément à l’actuelle Constitution du Bénin, que fera l’opposition ? Bien malin qui pourra prédire le dénouement de cette crise politique jamais vécue depuis l’avènement du Renouveau démocratique consacré par la Conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990.
Worou BORO