L’axe Cotonou-Abomey-Calavi est, depuis quelques jours, menacé par les eaux de la petite saison des pluies à la hauteur du pont de Djonou. Motocyclistes et piétons doivent se battre dans les eaux, pour rejoindre leurs demeures ou lieux de services. Les riverains parlent d’un problème d’assainissement.
De toutes ses forces, Eric tente de remettre en marche sa moto. Cet étudiant de retour des cours à l’Université d’Abomey-Calavi n’y arrivera pas. Avec sa camarade, il ne peut que recourir à un mécanicien pour être dépanné. « Je cherchais à prendre par le trottoir. Mais à cause des bousculades entre motocyclistes, j’ai été contraint de poursuivre dans l’eau. Puis les trous n’ont pas permis que je puisse m’en sortir et me voilà contraint de traîner l’engin », confie-t-il. Tout comme lui, trois autres usagers de la route rencontrés à Djonou, aux voisinages du pont sont eux aussi piégés dans les flaques d’eau. Sur près de 600 m2, le bitume est submergé. La voie ressemble à une piscine dans laquelle se déroule une compétition qui ne dit pas son nom entre motocyclistes.
La double peine des usagers
Selon la documentation, entre temps, la plateforme existante avait une largeur de 9,5 m, soit une chaussée bidirectionnelle de 7,5 m avec deux accotements de 1 m chacun. Trop exiguë pour contenir le flux d’usagers. Cependant, la libération de l’emprise des 40 m, la reconstruction d’une nouvelle chaussée de deux voies de 7,5 m, le dédoublement du pont de Djonou, l’aménagement des contre-allées il y a moins d’une décennie n’ont pas pour autant améliorer la fluidité. L’infrastructure est à nouveau confrontée à des embouteillages monstres. En plus de cela, les usagers devront faire face à la montée des eaux qui impacte la circulation. Les forces de sécurité publique gèrent au mieux la situation. Mais la concurrence est rude autour des espaces les moins risqués.
Certains tentent de voler de l’espace dans le couloir des automobilistes avec le risque d’être mouillées par les flaques. D’autres tentent de braver les eaux comptant sur la qualité de leurs engins. Mais dans tous les cas, il y a risque, et Germaine, une passagère de taxi-moto a presque failli faire les frais de l’imprudence de son conducteur. « Il y avait un mini bus devant nous qui s’est arrêté brusquement dans l’un des trous. Nous aussi, en voulant le contourner, nous avons été bloqués par un autre trou. La moto a été soulevée et on a presque retrouvé le sol. Je lui ai dit de ne pas prendre par ici depuis le carrefour Togoudo mais, il s’est entêté disant que sa moto peut résister et qu’il a pris par-là plusieurs fois de la journée ». Cependant, le Zem ne pense pas avoir mal fait. « Ce n’est pas pour le plaisir que nous tentons la traversée malgré tout. C’est pour pouvoir vite rejoindre l’autre rive. Nos engins tombent en panne fréquemment », se justifie le conducteur, le conducteur dont l’accent de la voix trahit bien ses origines Fon.
Comblement du lit… manque d’anticipation
Pendant que les usagers crient le ras-le-bol, riverains pointent quant à eux un doigt accusateur à l’endroit des autorités. Cosme, rencontré dans l’après-midi de ce lundi dans le jardin situé à côté du pont semble mieux comprendre le fond du problème. « Il y a trop de sables. Entre temps, c’est-à-dire il y a 2 ans environs, on avait désensablé et enlevé les herbes. C’était avec la mairie. Je faisais partie des ouvriers. Maintenant, je ne sais pas pourquoi ils ne nous ont plus fait appel. Peut-être une question de moyens », explique Cosme.
Comme un refrain, le même diagnostic a été fait par d’autres riverains. L’on dénonce un manque de curage des ouvrages. « Je n’ai pas connaissance de ce que les caniveaux ont été désensablé ces derniers temps. Je ne crois pas que, même si cela ait été fait, on évite cette situation. Le flux d’eau qui vient du marigot est important. Néanmoins, cela aurait permis d’atténuer la situation », confie une vendeuse d’essence, connue sous le nom de « Nafi ». La situation est déplorable, et les usagers espèrent que la visite du ministre des transports sur place ce lundi atténue le calvaire de ces athlètes révélées par les inondations.