Les projets du secteur de la santé ne sont pas des Eléphants Blancs La relance des travaux de construction de l’hôpital de zone Save- Ouèssè nourrit depuis quelques jours,la polémique…

Réaction de l’ancien Ministre Amos ELEGBE au sujet de l’Hôpital de zone Savè-Ouèssè et de certains projets de l’ancien régime: « Les projets du secteur de la santé ne sont pas des Eléphants Blancs »

Réaction de l’ancien Ministre Amos ELEGBE au sujet de l’Hôpital de zone Savè-Ouèssè et de certains projets de l’ancien régime: « Les projets du secteur de la santé ne sont pas des Eléphants Blancs »

Les projets du secteur de la santé ne sont pas des Eléphants Blancs

La relance des travaux de construction de l’hôpital de zone Save- Ouèssè nourrit depuis quelques jours,la polémique dans la presse, avec des propos condamnant la gouvernance de l’ancien régime de Boni Yayi dans le secteur de la santé. Pour certains, la construction de cet hôpital de zone est un éléphant blanc qui a finalement été remis sur pieds par le gouvernement du président Patrice Talon, comme l’a mentionné le conseil des ministres du mercredi 6 juin 2018. Les ténors du pouvoir de l’ancien président Boni Yayi, n’apprécient pas le matraquage médiatique fait sur ce dossier, notamment les arguments avancés par le conseil des ministres pour justifier la poursuite de l’infrastructure. Très déçus contre ce qu’ils appellent la manipulation, les ‘’yayistes’’ condamnent la « ruse habituelle » du régime de la rupture.

Des clarifications avec preuve

Statistiques à l’appui, l’un des partisans de l’ancien régime,  l’ancien ministre et conseiller spécial, Amos ELEGBE, natif de Savè, apporte des clarifications sur le dossier. Il explique et détaille le processus de financement de ce projet en particulier, et des réformes du secteur de la santé en général. Selon ses propos, la somme de  cinq (05) milliards de francs CFA du Fonds saoudien et deux (02) milliards du Budget national, soit 7 milliards, constitue le coût du projet de construction de l’hôpital de zone Save-Ouèssè, entièrement négocié  et finalisé  par le gouvernement Yayi avec pour partenaire, le Fonds saoudien. Pour lui, le projet a été victime, comme d’habitude, des  lourdeurs administratives tant au niveau de l’État, qu’au niveau du parlement. L’ancien conseiller de Boni Yayi, détaille que le projet a été inscrit au Programme d’Investissement Public  (PIP) en 2012. Et pour vite le réaliser, il a été procédé en 2013, à la sélection du cabinet d’étude Sata (un cabinet Burkinabè), pour la réalisation des études géotechnique et altimétrique.

Mieux, la construction des annexes (logements et divers) a été prévue dans la contrepartie béninoise  en 2014. Toujours pour accélérer la  réalisation de l’infrastructure, le régime précédent a, en 2015,  décidé de mettre à contribution les entreprises locales aux fins de donner du travail aux jeunes par le biais des petites et moyennes entreprises du Bénin, révèle le professeur ELEGBE. Au cours de la même année, il a été procédé à la pose de la première pierre après toutes les formalités, et la contrepartie béninoise pour la réalisation du projet a été inscrite au PIP 2016, explicite-t-il. Le dossier en était à cette étape lorsque les élections présidentielles de 2016 sont intervenues, avec l’avènement au pouvoir du régime du nouveau départ. C’est à ce stade que le projet a pris du retard. « En effet le nouveau pouvoir a bloqué tous les projets en cours de réalisation avant le 6 avril 2016. Cela a eu pour conséquences, le non déblocage des contreparties béninoises devant être affectées à tous ces projets dont notamment la construction de l’hôpital de zone de Savè », éclaire Amos ELEGBE avant de poursuivre : « le chantier a souffert du non déblocage des contreparties béninoises par le gouvernement de  la rupture, pendant que le Fonds saoudien a, de son côté, conditionné la libération des ressources du fonds à celle du Bénin ».

Selon lui, « le gouvernement de la  rupture a ramené le budget de l’Etat 2016 de 1.600 milliards à 1.400 milliards, et décidé de bloquer tous les projets de développement négociés et mis en œuvre par l’ancien régime. Et cela a duré 2 ans.  Il convient ainsi de constater que  les budgets généraux de l’Etat de 2017, (2010 milliards) et de l’année 2018 (1.860 milliards), n’ont pas rassuré la partie saoudienne de l’inscription de cette contrepartie relative à l’hôpital de zone de Savè-Ouèssè.« C’est dans ce contexte que la partie saoudienne a menacé d’annuler le financement du projet. C’est sous cette pression  que le gouvernement de la rupture a décidé de débloquer la contrepartie béninoise », commente le professeur Amos ELEGBE. Il ajoute toutefois que l’ancien gouvernement du président Boni Yayi apprécie le déblocage des fonds, ce qui traduit  le principe de la continuité de l’État. Pour lui, il n’est donc pas juste de classer le projet de l’hôpital de zone de Savè dans la catégorie des éléphants blancs. « Si nous refusons le principe de la continuité de l’État, nous tombons dans l’Éternel recommencement, préjudiciable à notre nation et à notre développement », ajoute-t-il.

En conclusion, le Professeur Amos ELEGBE estime que la poursuite de la mise en œuvre du projet de construction de l’hôpital de zone de Savè – Ouèssè ne devrait pas prêter à polémique. Son souhait est que ce projet soit enfin concrétisé et mis effectivement en exploitation pour le bien-être des populations. Sa récupération politique à des fins électoralistes n’a donc pas sa raison d’être.

Les autres d’hôpitaux dans la même catégorie

Saisissant l’occasion de ses explications sur le dossier de l’hôpital de zone de Savè-Ouèssè, le conseiller de l’ancien président de la république a laissé entendre que tout laisse croire à une forte campagne d’intoxication contre le régime précédent. Il en veut pour preuve les attaques contre le chantier de Savè-Ouèssè, alors que plusieurs autres hôpitaux, et non des moindres, ont été construits avec succès, à la grande satisfaction des partenaires et au grand bonheur des populations.Il a cité entre autres, l’hôpital de Zone de Djidja – Agbangninzoun – Abomey dans le Zou, financé par la Banque africaine de  développement pour environ 6.3 milliards de francs CFA, entièrement réalisé et équipé en 2014, et mis en service en 2015.  Il y a également, selon l’ancien ministre, l’hôpital de zone de Covè – Zangnannado –  Ouinhi  pour environ 6,5 milliards de francs CFA financés par la Banque islamique de développement, entièrement réalisé et équipé en 2014, puis mis en service en 2015. Le cas de  l’hôpital de zone de Djougou-Ouaké-Copargo de la Donga n’est plus à citer. Il s’agit-là d’un projet financé également par la BID. S’il a connu dans le temps des difficultés, il a été réalisé cependant à près de 80 % et a été mis en service partiellement en 2014,  son équipement sera achevé par un autre projet sous financement BIDC. Il y a également l’installation au CNHU-HKM de scanners de16 barrettes, au CDH d’Abomey, au CHD de Porto Novo et au CHD de Djougou d’équipements médicaux modernes pour un montant d’environ 6 milliards financés par la BIDC.

Le conseiller déplore par ailleurs les cas des hôpitaux  dont les travaux de construction ont été  assidûment engagés avant le départ du président Boni Yayi du pouvoir, mais qui ont été abandonnés depuis plus de deux ans déjà que le nouveau régime est au pouvoir. Il cite ici l’hôpital de zone de Pobè – Adja Wèrè – Kétou, entièrement financé par le budget national et réalisé à plus de 75 %, avant d’être abandonné. L’hôpital départemental du Borgou, connait la même situation, remarque le professeur ELEGBE. Ce projet avait pourtant connu  une grande extension pour le transformer en un hôpital national comme le CNHU Hubert Maga de Cotonou,  grâce à la construction de 7 immeubles R+ 1 avec générateur d’oxygène. Son équipement était en cours lors du départ du régime Yayi en avril 2016. Il en est de même pour l’hôpital de la mère et de l’enfant de Porto Novo qui a bénéficié  d’environ 15 milliards  FCFA du Qatar en don négocié par l’ancien Président Yayi. La sélection du cabinet d’études a été faite sous financement du Qatar, l’APS déjà réalisé et I’APD finalisé par l’ancien pouvoir. Ce projet, aussi abandonné doit d’être renégocié par le régime de la rupture, selon l’ancien conseiller.

Enfin, le ministre ELEGBE qualifie sa démarche de pédagogique qui constitue une avancée afin que ces projets ne soient pas non plus abandonnés et qualifiés plus tard « d’éléphants blancs ».

Yannick SOMALON