C’est connu, que dans la période d’août à octobre, le fleuve Ouémé sort de son lit dans les communes de Zogbodomey, Zagnanado et Ouinhi. Depuis quelques semaines, l’on assiste à la montée de la basse vallée Ouémé qui a atteint désormais le niveau d’alerte. La crue qui dévaste tout fait chaque année des dégâts très importants avec souvent des pertes en vie humaine.
Il n’y a plus de doute, le risque est là à chaque instant. Les eaux de la basse Ouémé montent et montent tous les jours. Les populations vivant dans les environs du lit du fleuve sont prévenues et assistées afin d’évacuer les lieux pour éviter le pire.
Face à cette menace, les autorités se mobilisent pour éviter des pertes en vies humaines. Le responsable local de l’Agence nationale pour la protection civile (Anpc), Marin Assongba, assure que l’agence suit la situation de près et appuie les populations concernées à travers la sensibilisation. En mettant aussi en place des dispositifs d’encadrement des producteurs de veille et de réponse aux risques liés à la montée des eaux du fleuve. Il s’agit d’anticiper en travaillant à la réduction des risques de catastrophe et de maladies hydriques. Pour ce faire, l’alerte est donnée dans les zones concernées. Marin Asssongba précise que dans la localité de Kpokissa dans la commune de Zogbodomey où la menace est aussi forte, un site d’accueil a été prévu pour recevoir les déplacés en cas d’envahissement des habitats par l’eau. Car, c’est du devoir de l’agence d’appuyer les populations concernées à travers la communication et l’utilisation de l’information climatique.
L’exercice est désormais connu
Le geste rentre dans les habitudes parce que chaque année, c’est le même phénomène. En effet, depuis les années 60, le Bénin a enregistré une série d’inondations dont les conséquences socio-économiques ont été dramatiques. En effet, l’année écoulée, causé par les dernières précipitations pluviométriques, le débordement du fleuve Ouémé a dévasté plusieurs villages et quartiers des communes de Ouinhi et de Zagnanado situés dans la région Agonlin. A Sagon, Tohouè, Kpoto, Dovi et ailleurs, les dégâts n’étaient pas des moindres. 8583 habitants, soit un total de 1459 ménages, étaient sinistrés et de plantations ravagées. En conséquence, non seulement les récoltes agricoles et produits vivriers sont noyés, mais les populations sinistrées se sont retrouvées, impuissantes, dans un dénuement total. C’est ce qu’on peut retenir des dommages causés par ces inondations sauvages.
Bilan désastreux
Déjà en 2009 et en 2010, le Bénin a connu des inondations d’une exceptionnelle gravité, suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’ensemble du territoire national, et en raison notamment des crues des principaux fleuves que sont le Niger, l’Ouémé, le Zou, le Mono et le Couffo. En 2010, plus de 55 communes ont été affectées à des degrés divers dont 21 ont atteint un niveau d’alerte maximal. Sur le plan des dégâts humains, 216 800 personnes ont été sinistrées dont 150.000 sans-abri et 46 décès. Sur le plan matériel, plus de 55.000 habitations ont été endommagées avec 455 écoles et 92 centres de santé partiellement ou complètement détruits.
Au total, face à ces inondations provoquées par la crue du fleuve Ouémé, ce sont des milliers d’hectares de champs, des greniers pleins de vivres qui sont dévastés, des maisons qui sont à chaque fois englouties. Des populations, parfois, obligées de s’accrocher aux toits de leurs cases.
C’est dire qu’à chaque crue du fleuve ou suite à l’inondation, l’impact sur les secteurs productifs est considérable. Mais depuis environ dix ans, les responsables à divers niveaux, de plus en plus proactifs, font des efforts pour éviter au pays la catastrophe. C’est encore dans cette dynamique que s’inscrit les actions en cours sur le terrain depuis le mois d’août dernier et qui avertissent de l’imminence du danger jusqu’à ce jour. Mais ceci n’empêche nullement la montée des eaux qui en cette semaine affiche déjà des signes critiques.