Le retour au bercail des Béninois confrontés à diverses difficultés dans leurs pays d’accueil s’est poursuivi dans la nuit du 21 au 22 mai dernier. Ce sont 100 jeunes en provenance du Ghana qui ont été accueillis à Hilla-Condji, sur la plateforme frontalière entre le Bénin et le Togo. Le gouvernement du Bénin qui a pris les dispositions pour les ramener a également aménagé des sites pour leur suivi sanitaire par rapport à la pandémie du coronavirus.
Ouvriers et étudiants pour la plupart, 100 jeunes rapatriés du Ghana, dans la nuit du vendredi au samedi dernier, ont retrouvé le sourire. Le sourire d’avoir tourné la page de leur mésaventure au Ghana mais surtout celui traduisant une certaine satisfaction par rapport aux sollicitudes du gouvernement de leur pays natal, le Bénin.
Après avoir pris les dispositions pour faciliter leur départ du Ghana, puis le transport par voie terrestre par ces temps où les pays limitrophes ont fermé leurs frontières, le gouvernement a dépêché une forte délégation de trois ministères en plus des représentants de la préfecture de Lokossa, pour leur accueil à Hilla-Condji sur la plateforme frontalière Togo-Bénin. Très chaleureux, l’accueil suivi de la distribution des masques faciaux à trois plis a ensuite, fait place aux informations relatives au convoyage pour un confinement.
Deux sites de mise en quarantaine sont aménagés. L’un à Dogbo pour les rapatriés qui sont ressortissants des localités du Mono et du Couffo et le second à Abomey pour ceux des autres départements. « Vous y serez installés durant quinze jours pour être soumis aux tests de dépistage du Covid-19. Vous serez logés, nourris avec toutes les autres commodités aux frais de l’Etat », annonce le docteur Etienne Hounkonnou, directeur départemental de la Santé. Rappelant que le confinement est une composante du protocole de prise en charge sanitaire imposé, désormais, pour tous ceux qui rentrent de l’étranger, le Dds en profite pour mettre l’accent sur l’observance du reste des gestes barrières en vigueur. Le lavage régulier des mains à l’eau et au savon, le respect de la distance physique d’au moins un mètre entre individus, le port obligatoire de bavette…ont été évoqués. Franck Hilaire Bété, coordonnateur technique opérationnel pour la gestion de la quarantaine ainsi que le reste de la délégation exhortent les jeunes rapatriés à ne pas tricher avec les principes. Ils souligneront que le respect de ces principes est la contribution des rapatriés pour se préserver et épargner à leurs proches la contamination au coronavirus, étant donné que l’Etat a pris en charge toutes les dépenses.
« Tenez-en compte et restez disciplinés, c’est pour le bien de nous tous », insiste Akouété Vlavonou, représentant du préfet du Mono. Au bout de la période du confinement, clarifie le docteur Etienne Hounkonnou, seuls les cas diagnostiqués négatifs seront autorisés à rejoindre leurs familles. Les porteurs du virus vont poursuivre leur traitement dans des centres hospitaliers dédiés à cet effet.
Désillusion et amertume
Pour les rapatriés, l’attention du gouvernement béninois est un grand soulagement. Depuis le déclenchement de l’opération de rapatriement par l’Etat ghanéen, fait savoir Fashola Salami, le Bénin s’est impliqué et a pris les dispositions pour faciliter la procédure. « Les dispositions prises également ici pour notre accueil nous rendent fiers », se réjouit la jeune béninoise qui avait mordu à l’hameçon du mirage d’un salaire mirobolant pour un emploi au Ghana. Floués aussi mais plus amers contre le traitement dégradant qu’ils auraient subis dans leur pays d’accueil, certains n’ont pas manqué de fustiger le fait.
« Je me croyais dans l’espace Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), mais ce que j’ai constaté au Ghana n’est pas le cas. On n’a pas été traité comme ceux qui se trouvent dans l’espace, sur une terre africaine», renchérit Adrien Ashoba qui a manqué de mots pour exprimer sa gratitude au gouvernement béninois venu à leur rescousse. Lui aussi était tombé dans le piège d’un réseau ghanéen qui lui a fait miroiter une opportunité de formation supérieure assortie d’un emploi devant être bien rémunéré. Mais à l’arrivée, la désillusion a été grande avec la perte de l’économie de ses parents que les arnaqueurs ont réussi à lui extorquer. Et c’est la précarité dans laquelle ils sont tous tombés au Ghana, révèle le Dds, qui explique la décision de l’Etat ghanéen de les rapatrier au titre des mesures préventives contre la propagation du coronavirus.