Le Bénin rassure, mais …  Fera-t-il partie ou non de la liste des pays ayant reçu leurs premiers lots de vaccin Covid-19 ? Cette préoccupation de nombre de Béninois a…

Des réserves sur le vaccin AstraZeneca: Plusieurs pays suspendent les injections

Des réserves sur le vaccin AstraZeneca: Plusieurs pays suspendent les injections

Le Bénin rassure, mais …

 Fera-t-il partie ou non de la liste des pays ayant reçu leurs premiers lots de vaccin Covid-19 ? Cette préoccupation de nombre de Béninois a fini par trouver réponse dans la soirée du 10 mars 2021. En effet, à l’Aéroport international Bernadin Cardinal Gantin de Cotonou, le Bénin réceptionne 144.000 doses du vaccin AstraZeneca/Oxford, sous licence par l’Institut Sérum en Inde. A en croire les autorités gouvernementales, cette livraison constitue le premier lot reçu par le pays ; car d’ici à Mai 2021, 792,000 doses de vaccins seront livrées au Bénin à travers l’initiative Covax qui vise à soutenir les efforts du gouvernement et assurer un accès juste et équitable à la vaccination Covid-19. En procédant à la réception de ces doses initiales du vaccin en présence de l’ambassadrice cheffe de la Délégation de l’Union européenne et des membres de l’initiative Covax, à savoir les Représentants  du Système des Nations Unies au Bénin, le Ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin a tenté de rassurer les Béninois que les vaccins qui ont été livrés au Bénin ont été testés et sont de qualité. « Donc ils n’ont aucune crainte…», a laissé entendre le ministre qui a indiqué, par ailleurs, que la campagne de vaccination gratuite va démarrer bientôt. Mais prioritairement avec les groupes cibles les plus vulnérables, environ 70.000, notamment les agents de santé.

… mais plusieurs pays suspendent l’utilisation du vaccin

Le ministre béninois en charge de la santé rassure certes ses compatriotes de ne point avoir de crainte sur le vaccin AstraZeneca. Mais des informations diffusées ces dernières 48 ou 24 heures par des médias européens notamment français (France 24, Lci, le point.fr) montrent combien des pays émettent des réserves sur le vaccin.   Et par mesure de précaution, sept pays dont le Danemark, la Norvège, l’Islande l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, le Luxembourg ont choisi de suspendre momentanément la campagne d’administration de ce vaccin envoyé à 17 pays de l’Union européenne. Et pour cause. Ces pays affirment avoir détecté, grâce à leur système de pharmacovigilance, des problèmes de circulation sanguine chez plusieurs personnes vaccinées. Autrement dit, ils ont identifié entre autres, des problèmes de coagulation, des embolies, des thromboses. L’Autriche, elle, avait annoncé, en début de semaine, avoir cessé d’administrer un lot de vaccins produits par le laboratoire anglo-suédois, après le décès d’une infirmière de 49 ans qui a succombé à de “graves troubles de la coagulation” quelques jours après l’avoir reçu.

“Le lien n’est pas prouvé’’

Mercredi, une enquête préliminaire de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a souligné qu’il n’existait aucun lien entre le vaccin d’AstraZeneca et le décès survenu en Autriche. Ainsi, face à ces effets indésirables, l’Agence maintient la position inverse, en rappelant que 22 cas de thrombose seulement ont été observés dans l’ensemble de sa zone de surveillance (Union européenne, Norvège et Islande), alors que plus de 3 millions de personnes y ont été vaccinées.  Pour le ministre de la Santé français, Olivier Véran, il n’y avait “pas lieu de suspendre” les injections du vaccin d’AstraZeneca. “Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade”, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse. Mais le Professeur de pharmacologie à l’université de Bordeaux et spécialiste de la surveillance des vaccins, Bernard Bégaud joue la carte de la prudence. Selon lui, ça reste possible, puisque ces phénomènes ne sont pas si fréquents, et qu’ils en ont observé plusieurs au cours de la vaccination. Même si “le lien n’est pas prouvé’’, il pense tout de même qu’il y a là un signal assez fort pour ne pas banaliser ces effets. Certains milieux scientifiques estiment que ces problèmes de santé ou effets secondaires graves observés ici et là peuvent dépendre des caractéristiques de la population ou de la cible à vacciner, du type de vaccin, du patient à qui on l’administre, et bien d’autres facteurs que la sécurité du vaccin.

Le Bénin maintient-il sa position ?

Il est bien vrai que cette mesure de suspension n’est pas encore une renonciation de l’administration du vaccin AstraZeneca par les pays concernés. Mais plutôt une pause dans son utilisation, peut être en attendant des études plus poussées pour savoir les causes réelles de ces problèmes de santé. Pendant ce temps, alors même que l’Afrique du Sud, l’un des premiers à recevoir les doses d’AstraZeneca sur le continent,  avait temporairement suspendu son programme de vaccination contre la Covid-19, à cause d’une étude de l’université du Witwatersrand, à Johannesbourg, révélant une efficacité “limitée” – 22% – contre le variant sud-africain, le Bénin, lui affiche une assurance béate. Est-ce parce que les autres Etats qui prennent aujourd’hui des mesures de précaution n’avaient pas en amont testé le vaccin et sa qualité ?

Worou BORO